Biodiversité confinés jour 2 : le Rougequeue noir

08 avril 2020ContactMaxime Zucca

Chaque jour, notre ornithologue Maxime Zucca, vous invite à apprendre à reconnaître une espèce parmi la faune visible depuis nos fenêtres, en ces temps de confinement, afin que même les plus urbains d'entre nous, ceux qui n'ont pas la chance de pouvoir profiter d'un jardin ou même d'un balcon, puissent se reconnecter à la nature. Et vous vous rendrez compte que, même au coeur des grandes villes, il y a des choses à observer que nous ne prenons habituellement plus le temps de voir !

Connaissez-vous le Rougequeue noir ?

De la taille d’un moineau, mais plus svelte, il sautille de toit en toit et quand il se tient perché, balance régulièrement son corps dans une sorte de hoquet nerveux.

C’est à son chant très particulier qu’on le détecte, habituellement :

https://www.xeno-canto.org/376726

Il se compose de deux séries de 4-5 notes aiguës entrecoupées par un étrange bruit de papier qu’on froisse. Son cri est un « fit » aigu répété quelques fois à 2-3 sec d’écart. Il se perche bien en vue pour chanter : cheminée, antennes.

Pour les dénombrer, l’idéal est de parcourir les rues avant le lever du soleil, c’est là qu’ils chantent le plus. Mais ils peuvent chanter par intermittence toute la journée. Il y a au moins 200 à 300 couples à Paris – il semble stable.

C’est principalement au XIXè siècle qu’il a colonisé la plupart des milieux urbains. Il serait apparu à Paris à la fin de ce siècle. On le trouve désormais partout, en centre urbain, dans les zones pavillonnaires, les villages : il adore les bâtiments, qui lui rappellent ses milieux rocheux d’origine. Il niche en nombre dans les pierriers d’altitude en montagne.

En ville, il construit son nid sous les toits, dans un trou de mur, dans les caveaux funéraires des cimetières. Il n’hésite pas à nicher dans les bâtiments s’ils sont ouverts en permanence. Un couple a même niché dans le préau d’un collège à Paris.

J’en ai eu un qui nichait dans la cage d’escalier du bâtiment de l’Unesco. Boîtes aux lettres et vieilles chaussures ont déjà aussi servi de nid !

 

On peut poser des nichoirs pour essayer de les faire venir. Bon, j’en ai mis un chez moi à Pantin, personne ne vient ! Je pense qu’il a largement suffisamment de trous dans les vieux murs alentours. La femelle construit le nid et couve seule, le mâle l’approvisionne.

Les jeunes passent 2-3 semaines au nid avant de s’envoler, en juin (il y a souvent une 2è nichée ensuite). Ils ressemblent aux femelles. Tous ont la queue orangée (avec les plumes du centre plus sombre). Les femelles et les jeunes mâles sont gris cendré, les vieux mâles plus noirs, avec davantage de blanc sur l’aile.

 

En ce moment, c’est le grand retour des Rougequeues. Je les entends depuis quelques jours. Ils reviennent de leur site d’hivernage autour de la Méditerranée. Il arrive que quelques-uns hivernent plus au nord, y compris dans Paris. Ils consomment surtout des insectes, qu’ils picorent sur les pierres, dans l’herbe ou qu’ils chassent en vol en s’élançant depuis leur perchoir.

Alors qu'on avait posé des pièges photos pour détecter des mammifères dans le cadre d'une étude sur les passages à faune (époque Natureparif), un rougequeue curieux est venu voir la caméra ! la photo est floue, mais je la trouve marrante :) 

 

 

Chaque année, les oiseaux muent. Normalement, ils remplacent leurs plumes successivement, de manière à ne pas se retrouver tous nus... Mais parfois, il y a des loupés, comme ce Merle « vautour » se nourrissant dans la laisse de mer de l’île de Sein ! 

Nous remercions la LPO Île-de-France et ses membres pour leurs photos qui nous permettent d'illustrer certains de nos propos.

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