Sur les traces du Chat forestier en Île-de-France ! 

Etude de l’espèce sur le territoire d’Île-de-France

09 février 2023ContactOphélie Ricci

Espèce protégée et déterminante de ZNIEFF, le Chat forestier (Felis silvestris silvestris) est l'un des derniers petits félins sauvages autochtone d'Europe. Après avoir recherché sa présence au cours d’une étude nationale en 1990 puis avec une étude locale restreinte au massif de Fontainebleau en 2010, l’Office français de la biodiversité (OFB) lance une nouvelle étude de l’espèce sur le territoire de l'Île-de-France pour améliorer la connaissance sur cette espèce, mieux la protéger, étude dont l’Agence régionale de la biodiversité en Île-de-France est partenaire. 

Vous saurez tout sur le matou 

Le Chat forestier ou Chat sylvestre est un petit félin sauvage doté d’une robe grise ou fauve claire légèrement rayée, d’une queue épaisse et annelée de deux à quatre anneaux noirs complets et terminée par un manchon noir. L’espèce est également reconnaissable par la présence d’une bande dorsale noire unique et fine s’arrêtant à la base de la queue. Il est fréquemment confondu avec les individus tigrés de Chat domestique (avec lesquels il lui est possible de s’hybrider) rendant encore plus compliquée la reconnaissance par des critères morphologiques. 

Animal discret, principalement crépusculaire, son milieu de vie typique est caractérisé par les grands massifs forestiers (feuillus et forêts mixtes) de plaine, de colline, de basse et de moyenne montagne. L’habitat semble optimal quand les lisières des massifs forestiers sont associées à des prairies naturelles, des clairières avec taillis ou des territoires agricoles avec des cultures peu intensives. Strictement carnivore, le Chat forestier se nourrit majoritairement de petits rongeurs et peut parfois être charognard. Repérant ses proies à l'ouïe, il pratique la chasse à la billebaude : comme le Renard roux, on dit qu'il « mulotte ». 

Une espèce en extension mais sujette à plusieurs menaces 

En France, il est présent dans le grand quart Nord-Est, dans le Massif central et dans l’ensemble des départements pyrénéens (Portanier et al. 2022). Une dynamique de recolonisation lente de l’espèce s’est mise en place depuis une vingtaine d'année en France et dans certains pays d’Europe en lien probable avec l’augmentation des surfaces forestières et du statut de protection de l'espèce. Depuis une quinzaine d'années, son aire de répartition française s’étend vers le Sud et l’Ouest depuis la zone de présence du Nord-Est de la France mais également au Sud du Massif central en direction des Pyrénées. L’Île-de-France se trouve pour le moment en limite d’aire de répartition, avec déjà quelques observations confirmées génétiquement en Seine-et Marne. 

Sur le territoire francilien, les principales menaces pesant sur cette espèce sont la fragmentation de son habitat par un réseau routier dense occasionnant des risques de collision et une dispersion de l’espèce freinée, ainsi que de l’hybridation avec le Chat domestique mais également de la diminution des espaces ouverts de type prairie, réduisant ainsi le nombre de proies disponibles. De par la population qu'elle héberge, la France a une forte responsabilité envers l'espèce, que ce soit pour sa conservation, sa surveillance mais aussi le recueil d'informations sur son écologie, sa répartition ou encore sa diversité génétique.  

 

Vous pouvez nous aider !

En marge de ce protocole ouvert uniquement aux partenaires de l’étude, il est important d’ouvrir l’œil et de signaler toute observation (photo, vidéo) d’individus vivants ou de cadavres le long des routes présentant un phénotype proche de celui du Chat forestier. Vos signalements sont à adresser au service départemental de l’OFB du département concerné :  

Repères

Une étude sur la Région pour rechercher l’espèce et contribuer à sa préservation 

Afin de contribuer à la préservation de l’espèce, la Direction régionale d’Île-de-France de l’OFB et l’ensemble de ses partenaires, qui sont l’Office National des Forêts (ONF), l’ARB îdF, le Conseil Départemental de Seine-et-Marne, l’Association de Gestion de la Réserve Naturelle de la Bassée (AGRENABA), le Conseil Départemental de l'Essonne, Île-de-France Nature et le CPIE des Boucles de la Marne, ont débuté des prospections en décembre dernier dans le but de préciser la limite de son aire de répartition en actualisant et complétant les données de présence du Chat forestier mais aussi pour évaluer l’hybridation avec le Chat domestique. Un protocole très précis (dans le respect de la réglementation en vigueur pour les espèces protégées) est mis en place sur 6 mailles localisées en Seine-et-Marne via un suivi à l’aide de pièges photographiques qui se poursuivra jusqu'en mars (période de rut de l’espèce). 

Le principe est simple : une brosse en laiton est positionnée sur un arbre à 40 cm du sol et appâtée par un attractif à base de Valériane qui attire principalement le mâle en chaleur. Un piège photo pointe sur cette installation afin de prendre en cliché tout chat qui viendrait se frotter sur la brosse. Le but étant de pouvoir ensuite prélever des poils et de les analyser génétiquement pour confirmer qu’il s’agit bien d’un Chat forestier et son potentiel taux d’hybridation avec le Chat domestique. L’ensemble des données de l’étude, que ce soient des observations de Chat, après validation par l’OFB mais aussi de tout autre taxon s’étant aventuré devant les pièges photos, est centralisé dans la base de données naturalistes du Système d’information de l’inventaire du patrimoine naturel (SINP) dont GeoNat’ÎdF est la plateforme régionale. 

Dispositif d'observation

© Ophélie Ricci

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