Qu’entend-on lorsque l’on parle d’une plante "sauvage" et "locale" ? Pourquoi utiliser ces espèces ? L'ARB îdF, le Conservatoire botanique national du Bassin parisien, le Conservatoire National des Plantes à Parfum, Médicinales et Aromatiques, Astredhor Seine Manche et la DRIEE organisaient une matinée d'échanges autour des espèces locales le jeudi 28 novembre. Un rendez-vous qui a permis de revenir sur les mésusages en matière de végétalisation et de découvrir les marques Végétal Local et Vraies Messicoles ainsi que certaines filières de production comme EDUCAFLORE ou la pépinière de plantes locales de l’EPA Paris-Saclay. Cette rencontre a également été l'occasion de présenter le guide de l'ARB îdF "Plantons local en Île-de-France" ainsi que la "Charte pour la promotion de la filière horticole ornementale et des aménagements paysagers".

Retour sur les mésusages en matière de végétalisation et conséquences sur les espèces indigènes et sur l’environnement
Par Philippe BARDIN – CBNBP/MNHN, référent local Végétal Local et Vraies Messicoles
La présentation était précédée par la diffusion du court-métrage "Les enjeux pour la biodiversité locale"
L’intérêt des aménageurs pour des végétaux d’origine locale a nettement augmenté au cours des deux dernières décennies. L’offre reste cependant toujours insuffisante alors que les risques sur l’usage de végétaux non indigènes ou de ressources génétiques allochtones sont désormais bien connus.
Les végétaux indigènes dont les ressources génétiques ont été collectées localement sont en effet beaucoup plus adaptés à l’environnement local, ce qui prévient notamment des taux d’échecs importants lors de projets de végétalisation et limite les demandes en arrosage. La diversité génétique de végétaux qui n’ont pas été sélectionnés est aussi garante d’une meilleure adaptabilité aux changements globaux. De même, ces végétaux prélevés localement permettent la conservation des écotypes locaux tout en limitant les risques d’introduction d’écotypes mal adaptés déstabilisant les équilibres et les fonctionnalités écologiques dans les communautés végétales en place. Enfin, les activités de collecte et de multiplication hors des régions d’utilisations ne sont pas favorables aux économies locales, dans un contexte où par ailleurs la traçabilité n’est pas du tout assurée.
Une étude dans la région Bassin Parisien Nord (M.S. BETTE - CBN Bailleul, 2019) a montré que plus de 80% des prescripteurs sont prêts à préconiser l’usage de végétaux disposant d’un label de qualité si une telle offre était disponible, acceptant par ailleurs un surcoût de 10% par rapport aux semences classiques. Parallèlement, les utilisateurs sont dans les mêmes proportions tout à fait disposés à utiliser des végétaux issus de filières locales.
Aussi, tous les éléments sont réunis pour faire émerger en Île-de-France des filières de production d’herbacées et de ligneux d’origine locale, dans un contexte où les projets de chantiers et d’aménagements structurants devraient assurer la soutenabilité économique de ces démarches.
Les marques Végétal Local et Vraies Messicoles : une réponse à l’érosion de la biodiversité dans et autour des chantiers de végétalisation
Par Philippe BARDIN – CBNBP/MNHN, référent local Végétal Local et Vraies Messicoles
Les marques collectives Végétal local et Vraies Messicoles ont été créées pour répondre à ce besoin de végétaux d’origine locale certifiée. Ces marques sont animées par la Fédération des Conservatoires botaniques nationaux, l’AFAC Agroforesteries et l’association Plante & Cité. Elles sont depuis 2017 la propriété de l’Agence Française pour la Biodiversité.
Ces marques concernent tous les végétaux indigènes, à l’exception des espèces rares (au sens des listes rouges) et règlementées (au sens du Code de l’Environnement). Elles ne concernent ni les variétés agricoles et fourragères sélectionnées, ni les variétés horticoles.
Elles sont basées sur une carte de 11 "Régions d’Origine" (critère obligatoire), et de 28 "Unités Naturelles" (critère facultatif), ensembles et sous-ensembles biogéographiques ayant un sens du point de vue de l’homogénéité des contextes écologiques.
Pour bénéficier du droit d’usage des marques, les candidats doivent se référer aux règlements d’usages et aux référentiels techniques qui assurent une traçabilité de la collecte jusqu’à la commercialisation, en passant par les étapes de naissage, d’élevage et de multiplication.
Moyennant un droit d’accès à la marque (400€ pour les producteurs et 200€ pour les collecteurs), le candidat est autorisé pour une durée de 6 ans à utiliser les marques pour des espèces validées par le Comité de gestion des marques. Des audits initiaux et de contrôle sont organisés pour assurer le respect des règles d’usage des marques.
Un certain nombre d’outils sont par ailleurs disponibles pour faciliter l’émergence et l’existence de ces filières : réseau de correspondants locaux, lettres d’information régulières, guides techniques (vergers à graines, parcs à boutures, aide à la rédaction des CCTP), ainsi qu’un kit média pour valoriser les projets ayant eu recours à du matériel Végétal local et Vraies Messicoles.
REpères
Document(s) :
Cadrage national pour répondre à des besoins locaux de semis et plantations
Présentation des marques Végétal Local et Vraies Messicoles
Charte pour la promotion de la filière horticole ornementale et des aménagements paysagers
Présentation du guide "Plantons local en Ile-de-France"
Educaflore, une offre fleurs sauvages 100% locale en région Grand-Est
Construction d’une filière de production francilienne labélisée "Végétal Local ®"
Réalisation d’une pépinière de plantes sauvages locales à Versailles
Programme de la matinée "Semer et planter local"
Voir aussi :
Site de la marque Végétal local
Charte pour la promotion de la filière horticole ornementale et des aménagements paysagers