Quelles relations entre espèces exotiques envahissantes et biodiversité en Île-de-France ?

04 mars 2024ContactOlivier Renault

Préambule

Les gestionnaires d’espaces naturels publics ou privés sont de plus en plus préoccupés par les espèces exotiques envahissantes : l’Agence régionale de la biodiversité d’Île-de-France (ARB ÎdF) est régulièrement interrogée sur les impacts de ces dernières et/ou sur des méthodes de lutte. Ces questionnements sont légitimes à la lecture d’un rapport récent de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES 2023 ; voir encadré).
Cet article répond à la question de l’influence des espèces exotiques envahissantes sur la biodiversité francilienne sans focaliser sur une espèce particulière, et sans apporter de solutions techniques universelles, la gestion de ces espèces nécessitant toujours une analyse locale.

Introduction

Les préoccupations liées aux espèces dites « exotiques envahissantes » ou « invasives » sont relativement récentes dans notre histoire. Dans l’antiquité, les Romains importaient intentionnellement des végétaux poussant dans les contrées éloignées de leur empire, à l’instar des explorateurs du Nouveau Monde qui ont introduit en Europe les plants de pommes de terre, de tomates, de maïs, de haricots, de fraises ou encore les dindes (que l’on nommait autrefois les poules d’Inde). A partir du XVIIIe siècle, de nombreuses espèces/variétés de plantes et d’animaux provenant des divers empires coloniaux ont été importées dans les jardins d’acclimatation européens, d’abord dans le but de diversifier les cultures alimentaires et médicinales du vieux continent, puis plus tard, à titre ornemental. C’est par exemple le cas de la célèbre Renouée du Japon Reynoutria japonica, qui aurait été introduite, cultivée et vendue en Europe par le botaniste et médecin Philipp Franz von Siebold au milieu du XIXe siècle.

Désormais, si la plupart de nos anciens jardins d’acclimatation ont évolué en parcs ou en jardins botaniques, les introductions d’espèces nouvelles en provenance d’autres continents perdurent et s’intensifient du fait de l’augmentation constante de nos échanges touristiques et commerciaux, ce qui génère de nombreuses inquiétudes. Ainsi, les espèces exotiques envahissantes ont été considérées comme la seconde puis comme la cinquième cause d’extinction de la biodiversité dans le monde.

Cet article propose d’explorer ce que dit la littérature scientifique à propos de ces espèces qui viennent de contrées lointaines, en particulier de celles dont les populations deviennent envahissantes, et de faire le point sur leur influence sur la biodiversité francilienne.

Rapport d’évaluation sur les espèces exotiques envahissantes et leur contrôle

Disponible sur la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES 2023).
En septembre 2023, l’IPBES a publié le résumé pour les décideurs de son conséquent rapport sur les espèces exotiques envahissantes et leur contrôle. Ce dernier a été rédigé par une équipe pluridisciplinaire de 86 experts et de nombreux auteurs issus de 49 pays et de nombreuses disciplines scientifiques. Plus de 13 000 publications ont été analysées afin de produire les informations les plus à jour sur les espèces exotiques envahissantes, ainsi que des solutions à l’attention des Etats, de la société civile, des peuples autochtones et des communautés locales.

Le rapport délivre quatre messages-clés :

1. Les espèces exotiques envahissantes constituent une menace majeure pour la nature, pour les services rendus à l’homme par la nature et pour la qualité de vie : plus de 37 000 espèces exotiques ont été introduites par les activités humaines dans toutes les régions et biomes de la Terre. La littérature étudiée démontre des effets négatifs pour plus de 3 500 d’entre elles, classées dans la catégorie des espèces exotiques envahissantes. A ce jour, 6 % des plantes exotiques établies, 22 % des invertébrés exotiques, 14 % des vertébrés exotiques et 11 % des microbes exotiques sont connus pour être envahissants à l’échelle du globe. Ces espèces ont participé, concomitamment avec d’autres facteurs, à 60 % des extinctions recensées dans le monde, et elles sont considérées comme seules responsables des extinctions dans 16 % des cas. 90 % des extinctions documentées principalement attribuées à des espèces exotiques envahissantes se sont produites sur des îles ;

2. A l’échelle mondiale, les espèces exotiques envahissantes et leurs impacts augmentent rapidement et devraient continuer d’augmenter à l'avenir : en 2019, au niveau mondial, le coût des invasions biologiques a été estimé à plus de 423 milliards de dollars. 92 % de ce montant est attribué à l'impact négatif des espèces exotiques envahissantes sur les services fournis par la nature ou sur la qualité de vie (atteintes à la santé humaine, à la sécurité de l'eau et à la sécurité alimentaire ; la réduction de l'approvisionnement alimentaire étant de loin l'impact le plus fréquemment signalé, à plus de 66 %). 8 % des coûts sont liés aux dépenses de gestion des invasions biologiques. Le rapport explique que ces coûts ont quadruplé tous les dix ans depuis 1970, et qu’ils devraient continuer d’augmenter en raison 1) de l'expansion du commerce international et des déplacements humains, considérés comme la cause principale de l’introduction des espèces exotiques envahissantes, et 2) des changements globaux (utilisation des terres/mers et changement climatique), considérés comme leur cause principale d’implantation et de dissémination ;

3. Les impacts négatifs des espèces exotiques envahissantes peuvent toutefois être évités ou atténués par une gestion efficace : la prévention constitue la meilleure option, mais la détection précoce, l'éradication, le confinement et le contrôle sont également intéressants dans des contextes spécifiques. La restauration écologique des milieux peut constituer une bonne option pour le rétablissement des fonctions et des services écosystémiques dans les systèmes terrestres et aquatiques fermés ;

4. Des progrès ambitieux dans la gestion des invasions biologiques peuvent être réalisés grâce à une gouvernance intégrée : une gestion stratégique et coordonnée à des échelles multiples allant du local à l’international, ciblant de nombreux acteurs et dotée des financements adéquats peut atténuer les impacts des espèces exotiques envahissantes.

Qu’est-ce qu’une espèce exotique envahissante, ou invasive ?

Toutes les espèces introduites ne sont pas forcément envahissantes. Une espèce exotique envahissante se définit comme une espèce exogène (par opposition à indigène), et qui vient donc « d’ailleurs » ; c’est-à-dire d’un secteur biogéographique où elle n’est pas naturellement/historiquement présente1. On parle aussi d’espèce allochtone, par opposition à autochtone. Le rapport de l’IPBES (voir encadré ci-dessus) considère une espèce comme exotique si sa migration est attribuée aux activités humaines, ce qui exclut les espèces dont le déplacement est lié au changement climatique.

En Île-de-France, trois plantes sur quatre parmi plus de 2 000 espèces de plantes vasculaires (plantes à fleurs, prêles et fougères) spontanées sont aujourd’hui considérées comme indigènes2. Pour comparaison, les quelques centaines d’espèces de fruits, légumes et céréales sont à l’origine de plus de 4 000 variétés cultivées en Île-de-France3.


Le terme « envahissant » indique qu’elle s’étend rapidement en un temps court dans sa nouvelle aire de répartition. A tel point que l’on parle parfois de « prolifération », de « pullulation », de « colonisation anarchique » voire de « cancer vert ». On note la connotation anthropomorphique et toujours négative de ces descriptifs. Le vocable « invasive », synonyme « d’exotique envahissant » est un néologisme qui provient de l’anglais invasive. Fait intéressant, les dictionnaires français circonscrivent le terme « invasif » au domaine médical4 (d’où, peut-être, l’analogie avec le cancer).
On lit/entend régulièrement que sur 1 000 espèces importées sur un nouveau territoire, 100 parviendront dans le milieu naturel, dont 10 s’y naturaliseront, parmi lesquelles une deviendra envahissante. Il s’agit d’une généralité statistique et les auteurs de l’article à l’origine de cette assertion reconnaissent que ces chiffres souffrent des exceptions (Williamson et Fitter 1996)5.
Précisions également que le seul caractère envahissant d’une espèce n’est pas suffisant pour la qualifier d’invasive : d’une part, ce caractère ne s’applique qu’à certains contextes et donc à certaines populations de l’espèce en question. Les conditions locales d’humidité, de sol, d’ombrage, la présence de concurrents ou de prédateurs spécialisés, par exemple, jouent un rôle fondamental dans le succès écologique d’une population introduite. L’adjectif invasif s’applique donc mal au rang d’espèce et l’on devrait plutôt parler de « population exotique envahissante »6. D’autre part, nombre d’espèces indigènes franciliennes peuvent également présenter un aspect « proliférant », ou à tout le moins un développement important dans certains milieux ou sous certaines conditions écologiques. On peut par exemple citer la Fougère aigle ou les ronces en forêt, les orties, le Sureau hièble ou encore la Clématite des haies dans les friches et les lisières forestières, les lentilles d’eau dans les plans d’eau, le Cirse commun ou les patiences (Rumex sp.) dans les cultures, etc. Les populations d’étourneaux, de vanneaux, de goélands ou de campagnols terrestres peuvent également atteindre des effectifs localement importants. Pourtant, ces espèces indigènes à fort développement ne soulèvent pas autant de questions quant à leurs impacts sur la biosphère.

Toutes les espèces considérées comme potentiellement envahissantes ne sont pas obligatoirement exotiques. L’Ortie dioïque et la Clématite des haies, espèces indigènes de notre flore, présentent un développement important dans les friches aux sols riches. Goéland argenté et Mouette rieuse peuvent fréquenter en nombre les champs cultivés au moment des labours, et déranger les agriculteurs.

Les impacts des espèces exotiques envahissantes

Les espèces exotiques envahissantes posent divers problèmes pour les humains et les non-humains. Des travaux scientifiques récents estiment leur coût pour l’humanité à 1 208 milliards de dollars américains sur la période 1980–2019, soit un coût similaire à ceux engendrés par les catastrophes naturelles (1 914 milliards pour les ouragans et 1 139 milliards pour les tremblements de terre). Ce montant, qui augmente de manière plus rapide que celui des catastrophes naturelles, est attribué aux dégâts directs et indirects causés par ces espèces (Turbelin et al. 2023)7.

Parmi les dommages imputés aux espèces exotiques envahissantes, les impacts sanitaires figurent parmi les plus saillants. On pense aux problèmes soulevés par le Moustique tigre Aedes albopictus, d’origine tropicale et vecteur des virus du chikungunya, de la dengue et du zika. Le Ragondin Myocastor coypus et le Rat musqué Ondatra zibethicus sont vecteurs de la leptospirose, comme nos rongeurs indigènes. La sève de la Berce du Caucase Heracleum mantegazzianum peut être à l’origine de brûlures de la peau plus ou moins graves, à l’instar de ses cousines de la famille des apiacées (ou ombellifères)8. Les pollens des ambroisies (l’Ambroisie à feuille d’armoise Ambrosia artemisiifolia, l’Ambroisie à épis lisses Ambrosia psilostachya et l’Ambroisie trifide Ambrosia trifida) sont responsables d’affections allergiques chez 10 à 20 % des patients présentant des symptômes allergiques au pollen dans la population française métropolitaine sur la période d’août à octobre.

La Berce du Caucase est souvent citée comme exemple de plante dangereuse pour la santé des gestionnaires d’espaces verts ou des jardiniers. On déconseille de la faucher au soleil en raison des brulures provoquées par l’exposition à la lumière d’une peau humectée par sa sève. Le pollen de l’Ambroisie à feuilles d'armoise est allergène durant sa période de floraison. 

Les espèces exotiques envahissantes affectent également nos activités économiques, même si les coûts (et bénéfices) demeurent difficiles à estimer. Ces impacts économiques se divisent en coûts directs et indirects. Ils incluent par exemple la réduction des rendements agricoles, sylvicoles, piscicoles et les coûts sanitaires (coûts directs), ainsi que les coûts de contrôle et de gestion des espèces invasives sur le terrain, les coûts de restauration des milieux naturels envahis ou encore, de manière plus difficilement quantifiable, les impacts sur les services fournis par les écosystèmes (coûts indirects) (UICN France 2015)9.

A titre d’exemple de coûts directs, le Varroa Varroa destructor et le Frelon asiatique Vespa velutina, respectivement parasite et prédateur de l’Abeille domestique Apis mellifera, sont largement pointés du doigt pour expliquer le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles mettant en difficulté la filière apicole, se cumulant aux effets de la dégradation des habitats et de l’usage des insecticides.

Enfin, les espèces exotiques envahissantes ont un impact sur la biodiversité. Elles ont longtemps été considérées comme la deuxième cause d’extinction de cette dernière dans le monde (voir l’encadré « une écologie des invasions »)10 . Depuis le rapport de 2019 portant sur l’évaluation globale de la biodiversité et des services écosystémiques de l’IBPES, on les classe aujourd’hui en cinquième et dernière position derrière le changement d’usage des terres/mers, la surexploitation, le changement climatique et les pollutions (IPBES 2019)11. D’où l’interrogation de certains scientifiques sur la pertinence de classer les causes d’extinction selon leur ordre d’importance (Bellard et al. 2022)12. Les atteintes à la biodiversité attribuées aux espèces invasives sont 1) la modification de l’écosystème dans lequel elles sont introduites, y compris comme hôtes de pathogènes (Svoboda et al. 2017)13, 2) la concurrence avec les espèces indigènes pour l’utilisation des ressources naturelles, 3) la prédation opérée sur les espèces indigènes, et enfin 4) l’hybridation avec les espèces indigènes (CGDD 2015)14. D’après le rapport de l’IPBES cité dans l’encadré de début d’article, La modification des écosystèmes représente 27 % des problèmes affectant les espèces indigènes, la concurrence 24 %, la prédation 18 %, l’herbivorie 12 %.

Une écologie des invasions
L’intérêt pour l’écologie des espèces exotiques envahissantes est apparu en 1958, avec la publication du livre du célèbre biologiste anglais Charles S. Elton,
The ecology of invasions by animals and plants (Elton 1958)15. La discipline scientifique associée, née dans les années 1990, a connu un énorme succès, disposant même de plusieurs revues scientifiques dédiées telles que « Biological invasions », « Management of Biological Invasions », « NeoBiota », « Aquatic Invasions », « BioInvasions Records », « Invasive Plant Science and Management », etc.
L’affirmation selon laquelle les espèces exotiques envahissantes sont la deuxième cause d’extinction de la biodiversité est quant à elle apparue pour la première fois dans le livre de l’écologue américain Edward O. Wilson, The Diversity of Life (Wilson 1992)16. Elle a ensuite été largement relayée puis généralisée dans les publications scientifiques (Wilcove et al. 1998)17  et à destination du grand public jusqu’à devenir un postulat (Chew 2015)18. Cette affirmation a été remise en cause en 2019 par l’IPBES qui classe désormais ces espèces comme cinquième et dernière cause d’extinction de la biodiversité mondiale par ordre d’importance.

Quelle est l’influence des espèces exotiques envahissantes sur la biodiversité francilienne ?

Il est indéniable que les risques sanitaires et les pertes économiques liés aux espèces exotiques envahissantes justifient certaines mesures de prévention et de gestion (le rapport de synthèse de l’IPBES sur les espèces exotiques envahissantes cité plus haut précise toutefois que les luttes physique et chimique ne sont généralement efficaces qu'à l'échelle locale et peuvent avoir des effets non ciblés sur d’autres espèces ; IPBES 2023). Mais qu’en est-il de l’impact de ces populations sur la biodiversité francilienne ?

En premier lieu, la littérature scientifique souligne que les espèces exotiques introduites n’ont pas toujours un impact négatif. En d’autres termes, espèce exotique n’est pas synonyme d’espèce invasive. La bibliographie soulève le « paradoxe de l’invasion » (invasion paradox) : ce dernier stipule qu’en fonction de l’échelle spatiale considérée, le signe de la corrélation entre le nombre d’espèces indigènes et exotiques s’inverse. Autrement dit, dans les études menées à grande échelle (supérieure à 1 km², plutôt basées sur les observations), l’ajout d’espèces exotiques augmente la diversité des espèces au sein d’une communauté donnée : les nouvelles venues s’ajoutent simplement aux espèces existantes. A l’inverse, à petite échelle (souvent à une échelle de 10 m² ou moins, plutôt sur la base d’études expérimentales), l’ajout de nouvelles espèces affecte négativement la diversité en place (Fridley et al. 2007)19. Ainsi, à l’échelle des continents, les résultats scientifiques suggèrent que les espèces invasives ne représentent pas une menace majeure pour les écosystèmes. En fait, l’introduction de nouvelles espèces augmente même presque toujours la richesse spécifique à l’échelle d’une région géographique (Davis et al. 2011, Thomas et Palmer 2015)20, 21. C’est tout à fait différent dans les contextes insulaires où les prédateurs et pathogènes introduits ont très souvent contribué à l’extinction d’espèces natives, voire d’espèces endémiques (c’est à dire occupant une aire restreinte de notre planète). C’est l’une des conclusions du rapport de l’IPBES (2023) sur les espèces exotiques envahissantes, qui établit que 90 % des extinctions mondiales pour lesquelles ces dernières ont été identifiées comme l'une des principales causes concernent les îles. Les espèces exotiques envahissantes ne constituent donc pas une cause prioritaire d’érosion de la biodiversité en Île-de-France. D’ailleurs, il n’existe à notre connaissance aucun cas d’extinction d’espèce documenté dans notre région ou en France métropolitaine pouvant être imputé à l’introduction d’une espèce d’origine exotique. Il n’existe pas non plus d’études ayant démontré de manière scientifique un effet sur l’abondance régionale d’espèces indigènes ou sur l’uniformisation des milieux franciliens suite à l’introduction d’une espèce exotique envahissante.

A l’échelle de l’Europe, un article scientifique de 2016 basé sur l’analyse des listes rouges de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ne signale aucune extinction due aux espèces invasives pour les cinq grands groupes que constituent les plantes, les amphibiens, les reptiles, les oiseaux et les mammifères (Bellard et al. 2016)22. A l’échelle mondiale, un article plus récent, fondé sur le même outil « liste rouge » de l’UICN, montre que les espèces exotiques introduites devenues envahissantes ne sont pas responsables du mauvais état de conservation de 86 % des oiseaux, mammifères et reptiles évalués en danger critique d’extinction. S’agissant des 14 % restants, l’article incrimine principalement les rats, les chats et les herbivores (chèvres et porcs) introduits par l’homme dans les îles. Il met aussi en cause les champignons chytrides dans le cas particulier des amphibiens, et la dégradation des habitats pour les menaces visant les plantes (Dueñas et al. 2021)23

Lors des grands voyages d’exploration des mers du globe qui ont conduit à la découverte des archipels coloniaux européens, les rats, puis les chats importés pour réguler les rats, ont été une cause majeure d’extinction pour plusieurs espèces d’oiseaux marins dans des iles où ces dernières n’avaient pas de prédateurs et où elles avaient l’habitude de nicher au sol. Les rats consommaient les œufs tandis que les chats chassaient les adultes, moins méfiants que les rongeurs face à ce prédateur inconnu. 

Un autre élément à prendre en compte est ce que l’on appelle en psychologie le biais de confirmation : quand on cherche, on trouve. C’est ce qu’affirment Guerin et al. (2018) dans un article où ils expliquent que les travaux scientifiques menés dans le cadre de l’écologie des invasions se sont le plus souvent intéressés aux effets négatifs des espèces exotiques24. D’autres travaux indiquent qu’il n’est pas toujours aisé d’évaluer l’effet positif ou négatif d’une espèce nouvellement introduite parce que la perception de cet effet peut différer selon que l’on s’intéresse à la biodiversité, aux activités humaines (agriculture, éco-tourisme, etc.) ou à la séquestration de carbone, par exemple (Vimercati et al. 2020)25, ce qui fait qu’en définitive, l’évaluation de leur impact est très dépendante de facteurs sociaux et notamment de nos représentations de la nature.

Enfin, la plupart des études citées précédemment questionnent la difficulté de distinguer la cause directe des extinctions attribuées aux espèces exotiques envahissantes. L’action de ces dernières s’exerce en effet souvent en synergie avec, voire après d’autres types de pressions tels que la dégradation des milieux naturels (déforestation, artificialisation) et l’intensification des pratiques, de sorte qu’il peut être délicat de les incriminer directement : en sciences, corrélation ne vaut pas toujours causalité (Didham et al. 2005)26. Bien sûr, il n’est pas question de nier leur influence sur les modifications écologiques profondes de certains milieux naturels, en particulier les milieux humides dans notre région, mais il apparaît fondamental de poursuivre les travaux de recherche afin de déterminer leur influence réelle sur la perte de biodiversité, en vue de prioriser et de pondérer les éventuelles actions de lutte (Dueñas et al. 2018)27. Il est possible que dans de nombreux cas, en Île-de-France, comme dans le monde, les espèces invasives ne fassent qu’accélérer le déclin d’espèces déjà affaiblies par d’autres facteurs d’extinction, en particulier l’hégémonie des activités humaines à la surface du globe28. Elles pourraient donc n’être que des espèces « passagères » plutôt que « conductrices » des extinctions observée (MacDougall et Turkington 2005)29, et profiter de l’aubaine liée à la dégradation généralisée des habitats. D’ailleurs, le rapport de l’IPBES (2023) indique qu’alors qu’elles ont contribué, « seules ou avec d'autres facteurs de changement, à 60 % des extinctions d'animaux et de plantes recensées dans le monde », elles n’en constituent l’unique facteur que dans 16 % des cas (et précisons-le à nouveau, à 90 % dans les îles).

Conclusion

Pour résumer et conclure cet article, on peut dire que :

  • L’impact des espèces exotiques envahissantes sur la biodiversité alimente encore des controverses (Sagoff 2020 ; Sanguet 2019)30, 31.
  • En Île-de-France, l’influence négative des espèces exotiques envahissantes sur les autres espèces et les milieux est plutôt marginale comparée aux effets de l’artificialisation du territoire et de l’intensification des pratiques agricoles (Zucca et al. 2019)32, facteurs qui concourent ensuite à favoriser leur expansion (l’on pourrait toutefois nuancer ce propos pour certains milieux humides très rares et très isolés en Île-de-France, qui pourraient se comporter comme des îles déconnectées les unes des autres, et au sein desquels les espèces exotiques envahissantes peuvent elles-mêmes constituer des sources de pression). Ainsi, en termes de restauration et de conservation de la biodiversité, il convient de ne pas circonscrire les seuls efforts à la lutte contre les populations d’espèces exotiques envahissantes, mais de hiérarchiser les efforts en commençant par la désartificialisation des sols, la transition vers une agriculture davantage en lien avec le vivant et la restauration d’habitats naturels. Si toutes ces mesures sont à l’œuvre, il y a de grandes chances que les espèces exotiques envahissantes soient graduellement supplantées par des espèces locales parce qu’un milieu perturbé résiste moins bien à l’expansion des espèces introduites qu’un milieu en bonne santé33. La Renouée du Japon avec laquelle nous avons débuté cet article s’accommode par exemple des sols pollués, notamment en métaux lourds, et dont elle peut d’ailleurs contribuer pour partie à la dépollution34
  • La question se pose des coûts et de la nécessité de la lutte contre les espèces exotiques envahissantes. Si ces espèces ne sont que des espèces « passagères » du déclin de la biodiversité (voir plus haut), si elles ne sont que le révélateur de notre influence croissante sur les milieux naturels, si elles bénéficient de la détérioration de ces derniers par nos activités, faut-il s’évertuer à les combattre quel qu’en soit le coût financier ? Ceci soulève le risque d’épuiser les budgets disponibles dans la lutte contre ces espèces au détriment de la renaturation des milieux artificialisés et de la restauration écologique des milieux naturels. De plus, l’IPBES démontre que la lutte contre les espèces exotiques envahissantes est rarement très ciblée (surtout lorsqu’il s’agit de lutte chimique) et qu’elle peut affecter la persistance de tout un cortège d’espèces indigènes déjà malmenées par les activités humaines.
  • Il reste pour autant indispensable de surveiller les espèces exotiques impliquées dans les questions de santé publique, comme le Moustique tigre ou les ambroisies, par exemple. En retenant aussi que dans ce domaine, seule une petite proportion des espèces pouvant poser des problèmes à la santé humaine ou aux activités économiques sont exogènes. Les Processionnaires du pin et du chêne, l’Ips typographe (scolyte) ou l’Altise du Colza sont des espèces natives d’Europe de l’Ouest par exemple.

Deux espèces d’insectes responsables de risques sanitaires et dont le nombre d’observations augmente en Île-de-France. Si le Moustique tigre provient initialement d’Asie du Sud-Est, la Processionnaire du pin (ou celle du chêne) est quant à elle indigène de nos régions.  

Pour terminer, il ne faut pas que les éléments de réflexion présentés ici ne soient interprétés comme banalisant l'introduction de nouvelles espèces exotiques. Il est bien sûr nécessaire d’éviter toute nouvelle introduction, ne serait-ce que parce que les espèces exogènes peuvent être porteuses de nouveaux pathogènes avec lesquels les espèces natives n'ont pas co-évolué, et qui peuvent avoir un effet délétère (on pense par exemple à l’aphanomycose chez les écrevisses ou à la chytridiomycose chez les amphibiens)35. C’est d’ailleurs l’une des conclusions importantes du rapport de l’IPBES (2023) cité en introduction de cet article : « la prévention des introductions d'espèces exotiques envahissantes est l'option de gestion la plus rentable ».

Pour aller plus loin

Si la lutte contre les espèces exotiques envahissantes ne semble pas constituer un enjeu prioritaire en Île-de-France, si les modalités d’action peuvent s’avérer onéreuses voire peu concluantes, les ressources qui suivent peuvent toutefois répondre au besoin de certains gestionnaires qui y sont confrontés.

• Le règlement (UE) n° 1143/2014 du 22 octobre 2014 relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX:32014R1143

• La page consacrée aux espèces exotiques envahissantes sur le site internet de l’Union internationale pour la conservation de la nature
https://uicn.fr/especes-exotiques-envahissantes/

• La stratégie nationale relative aux espèces exotiques envahissantes
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/17039_Strategie-nationale-especes-exotiques-invahissantes.pdf

• Le plan d’action 2022-2030 pour prévenir l’introduction et la propagation des espèces exotiques envahissantes
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/20220315_EEE_VDEF.pdf

• L’Arrêté interministériel du 2 mars 2023 portant mise à jour de la liste des espèces animales et végétales exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000047411674

• Le panorama actualisé de la réglementation portant sur les espèces exotiques envahissantes du centre de ressources français sur les espèces exotiques envahissantes (2024)
http://especes-exotiques-envahissantes.fr/panorama-reglementaire-especes-exotiques-envahissantes/

• La page dédiée aux espèces exotiques envahissantes du portail NatureFrance, le service public d'information sur la biodiversité
https://naturefrance.fr/especes-exotiques-envahissantes

• La page dédiée aux espèces exotiques envahissantes du site internet de la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports d’Île-de-France (DRIEAT)
https://www.drieat.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr/especes-exotiques-envahissantes-eee-r888.html

• La liste hiérarchisée des plantes exotiques envahissantes d'Île-de-France du Conservatoire botanique national du Bassin parisien
https://cbnbp.mnhn.fr/cbnbp/ressources/pee.jsp

• Le site internet de la FREDON Île-de-France
https://www.fredonidf.fr 

• La synthèse des premières assises nationales « espèces exotiques envahissantes : vers un renforcement des stratégies d’action » (2015, Orléans)
https://uicn.fr/wp-content/uploads/2015/11/Synthese_assises_nationales_EEE_2014.pdf

• Les ressources pour intégrer les espèces exotiques envahissantes dans les documents de planification et les Cahiers des Clauses techniques Particulières
https://centrederessources-loirenature.com/fr/evenements/especes-exotiques-envahissantes/journee-technique-eee-et-documents-de-planification

• Le code de conduite de VALHOR, l’interprofession de la filière horticole
https://www.codeplantesenvahissantes.fr/accueil/

• Le guide de gestion pour la lutte contre les espèces de plantes aquatiques et riveraines exotiques envahissantes du programme RIPARIAS (Belgique), avec des retours d’expérience
https://www.riparias.be/fr

 1. Cette définition soulève la question du déplacement des aires de répartition des espèces : avec les périodes de glaciation/réchauffement qu’a connues notre région, il n’est pas facile de déterminer le secteur de répartition historique d’une espèce donnée. Aussi fixe-t-on arbitrairement l’année 1500 ou 1492 (année du voyage de Christophe Colomb vers le Nouveau Monde) pour décider de l’indigénat d’une espèce donnée.
2. Catalogue de la flore vasculaire de l'Île-de-France 2020 – CBNBP. Données considérées à partir de l’année 2000, avec prise en compte du seul rang « espèce ».
3. Recensement réalisé en 2012 par le Centre Régional de Ressources Génétiques d’Île-de-France, installé au Domaine de la Grange – la Prévôté, à Savigny-le-Temple. Voir baserg.comoe.fr/pages/principale/principale.aspx (consulté le 26 janvier 2024). Voir aussi la note rapide de l’Institut Paris Region et la cartographie interactive de répartition des variétés de fruits et légumes à l’adresse www.institutparisregion.fr/nos-travaux/publications/la-grande-histoire-des-legumes-et-de-leurs-terroirsen-ile-de-france/ (consulté le 26 janvier 2024).
 4. Invasif, invasive :
Pour le Larousse : 1. Se dit d'une méthode d'exploration médicale ou de soins nécessitant une lésion de l'organisme. 2. Se dit d'une tumeur qui s'étend et envahit les tissus voisins.
Pour le Robert : 1. (examen, traitement) Qui peut altérer l'organisme. 2. (tumeur, pathologie) Qui peut se propager dans l'organisme. Un cancer invasif.
5. Williamson M. et Fitter A. 1996. The varying success of invaders. Ecology, 77(6), p. 1661-1666. 
6.  A ce titre, il est intéressant de constater que les espèces exotiques envahissantes qui posent des problèmes en Amérique du Nord sont nos propres espèces indigènes européennes. Voir www.nps.gov/voya/learn/nature/exotic-plants.htm (consulté le 26 janvier 2024).
7. Turbelin A. J. et al. 2023. Biological invasions are as costly as natural hazards. Perspectives in Ecology and Conservation. 8 p. doi.org/10.1016/j.pecon.2023.03.002.
8. D’autres familles telles que les renoncules, les millepertuis, les figuiers ou les rutacées sont également susceptibles de créer ces photo-dermatites. Une étude de 1988 montre que ce type d’affection peut être contractée avec le Panais cultivé, et ce de manière plus prononcée qu’avec la Berce du Caucase : Lagey K. et. al. 1995. Burns induced by plants. Burns 21 (7), 542-543.
9. UICN France. 2015. Synthèse des assises nationales « espèces exotiques envahissantes : vers un renforcement des stratégies d’action ». Orléans, 23, 24 et 25 septembre 2014. Paris, France. 77 p.
10. Voir par exemple Bourdet J. 2021. Espèces envahissantes : une catastrophe écologique et économique : lejournal.cnrs.fr/articles/especes-envahissantes-une-catastrophe-ecologique-et-economique (consulté le 26 janvier 2024).
11. IPBES. 2019: Summary for policymakers of the global assessment report on biodiversity and ecosystem services of the Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services. S. Díaz et al. (eds.). IPBES secretariat, Bonn, Germany. 56 p. doi.org/10.5281/zenodo.3553579
12. Bellard C. et al. 2022. Ranking threats to biodiversity and why it doesn’t matter. Nature Communications 13, 2616. doi.org/10.1038/s41467-022-30339-y. Pour un résumé en français, voir theconversation.com/quelle-est-la-pire-des-menaces-qui-pese-sur-la-biodiversite-184887 (consulté le 26 janvier 2024).
13. Svoboda J. et al. 2017. Hosts and transmission of the crayfish plague pathogen Aphanomyces astaci: a review. Journal of fish diseases 40: 127-140.
14. Commissariat général au développement durable. 2015. Analyse économique des espèces exotiques envahissantes en France, première enquête nationale (2009-2013), 128 p. www.esperanza21.org/sites/default/files/Sp%20invasives%202015.pdf (consulté le 26 janvier 2024).
15. Elton C. S. 1958. The ecology of invasions by animals and plants. Methuen, Londres. 181 p.
16. Wilson E. O. 1992. The Diversity of Life, Cambridge, MA, Harvard University Press, 440 p.
17. Wilcove D.S. et al. 1998. Quantifying threats to imperiled species in the United States. Bioscience 48, 607–615.
18. Chew M. K. 2015. Ecologists, Environmentalists, Experts, and the Invasion of the ‘Second Greatest Threat’. International Review of Environmental History, 1, 17-40. doi: 10.22459/IREH.01.2015. Fait intéressant, dans cet article, l’auteur souligne que seul un faible nombre de biologistes ayant relayé l’étude originale d’E. O. Wilson ont précisé que ces résultats étaient limités aux Etats-Unis, et même biaisés par l’inclusion d’exemples hawaïens. Aucun n’indique que ces résultats reposent sur des données en réalité anecdotiques.
19. Fridley J. D. et al. 2007. The invasion paradox: reconciling pattern and process in species invasions. Ecology 88(1):3-17. doi: 10.1890/0012-9658(2007)88[3:tiprpa]2.0.co;2.
20. Davis M. A. et al. 2011: Don't judge species on their origins. Nature 474, 153-154. www.nature.com/articles/474153a.
21. Thomas C. D. et Palmer G. 2015. Non-native plants add to the British flora without negative consequences for native diversity. Proc. Natl Acad. Sci. USA 112, 4387 –4392. doi:10.1073/pnas.1423995112.
22.  Bellard C. et al. 2016. Alien species as a driver of recent extinctions. Biology Letters 12: 20150623. dx.doi.org/10.1098/rsbl.2015.0623
23. Dueñas M. A. et al. 2021. The threat of invasive species to IUCN-listed critically endangered species: A systematic review, Global Ecology and Conservation, volume 26. doi.org/10.1016/j.gecco.2021.e01476
24. Guerin G.R. et al. 2018. The biodiversity impacts of non-native species should not be extrapolated from biased single-species studies. Biodiversity and Conservation 27, 785–790. DOI 10.1007/s10531-017-1439-0. 
25.  Vimercati G. et al. 2020. The importance of assessing positive and beneficial impacts of alien species. NeoBiota 62: 525-545. doi.org/10.3897/neobiota.62.52793.
26.  Didham R. K. et al. 2005. Are invasive species the drivers of ecological change? Trends Ecol. Evol. 20, 470-474. doi:10.1016/j.tree.2005.07.006.
27.  Dueñas M. A. et al. 2018. The role played by invasive species in interactions with endangered and threatened species in the United States: a systematic review. Biodiversity and Conservation 27, 3171–3183. doi.org/10.1007/s10531-018-1595-x.
28. A ce sujet, deux articles récents témoignant de l’impact de notre espèce sur la biosphère sont particulièrement parlants : Y. Bar-On et ses collaborateurs ont estimé que la biomasse des humains et de leurs animaux d’élevage dépasse la biomasse terrestre des vertébrés sauvages, à l’exception des poissons (Bar-On Y. et al. 2018. The biomass distribution on Earth, PNAS 115 (25), 6506–6511. www.pnas.org/doi/epdf/10.1073/pnas.1711842115). E. Elhacham et collègues affirment quant à eux qu’en 2020 (±6 ans), la masse des infrastructures produites par l’humanité a dépassé la biomasse de tous les êtres vivants sur Terre : Elhacham E. et al. 2020. Global human-made mass exceeds all living biomass, Nature 588, 442–444. doi.org/10.1038/s41586-020-3010-5.
29. MacDougall A.S. et Turkington R. 2005. Are invasive species the drivers or passengers of change in degraded ecosystems? Ecology 86, 42–55.
30. Sagoff M. 2020. Fact and value in invasion biology: reply to Cuthbert et al. 2020. Conservation Biology 34 (6), 1583–1585. DOI: 10.1111/cobi.13594.
31. Sanguet A. 2019. Les plantes envahissantes, la nouvelle « chasse aux sorcières de la science » ? www.tela-botanica.org/2019/11/les-plantes-envahissantes-la-nouvelle-chasse-aux-sorcieres-de-la-science/ (consulté le 26 janvier 2024).
32. Voir le panorama de la biodiversité de l’Agence régionale de la biodiversité en Île-de-France : Zucca M. et al. 2019. Panorama de la biodiversité francilienne, ARB îdF/L’Institut Paris Region, Paris. 38 p. www.arb-idf.fr/nos-travaux/publications/panorama-de-la-biodiversite-francilienne-2019/ (consulté le 26 janvier 2024).
33. La littérature scientifique souligne depuis longtemps le rôle important des perturbations anthropiques, en particulier la présence de sol nu et l’eutrophisation, sur la favorisation des espèces exotiques envahissantes. Voir par exemple :
• Hobbs R. J. et Huenneke L. F. 1992. Disturbance, Diversity, and Invasion: implications for Conservation. Conservation biology 6 (3). 324-337 
• Burke M. J. W. et Grime J. P. 1996. An Experimental Study of Plant Community Invasibility. Ecology 77 (3), 776-790. doi.org/10.2307/2265501
• Kennedy T. et al. 2002. Biodiversity as a barrier to ecological invasion. Nature 417, 636–638. doi.org/10.1038/nature00776
34. leblogduherisson.com/voici-pourquoi-la-renouee-du-japon-est-unique/ (consulté le 26 janvier 2024).
35. La question se pose en particulier pour l’adaptation des forêts au changement climatique. A ce sujet, la Société botanique de France a publié en 2021 un livre blanc sur l’introduction d’essences exotiques en forêt qui s’adresse au grand public et aux décideurs. Les auteurs, se fondant sur l’analyse de plus de 200 références bibliographiques issues de la littérature scientifique, préconisent d’éviter le recours aux essences extra-européennes, dont l’acclimatation est hasardeuse compte-tenu de l’incertitude climatique, et qui peuvent présenter un risque élevé d’envahissement et d’introduction concomitante d’agents ravageurs et/ou pathogènes. Voir societebotaniquedefrance.fr/livre-blanc-sur-lintroduction-dessences-exotiques-en-foret/ (consulté le 26 janvier 2024).

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