Introduction
Les préoccupations liées aux espèces dites « exotiques envahissantes » ou « invasives » sont relativement récentes dans notre histoire. Dans l’antiquité, les Romains importaient intentionnellement des végétaux poussant dans les contrées éloignées de leur empire, à l’instar des explorateurs du Nouveau Monde qui ont introduit en Europe les plants de pommes de terre, de tomates, de maïs, de haricots, de fraises ou encore les dindes (que l’on nommait autrefois les poules d’Inde). A partir du XVIIIe siècle, de nombreuses espèces/variétés de plantes et d’animaux provenant des divers empires coloniaux ont été importées dans les jardins d’acclimatation européens, d’abord dans le but de diversifier les cultures alimentaires et médicinales du vieux continent, puis plus tard, à titre ornemental. C’est par exemple le cas de la célèbre Renouée du Japon Reynoutria japonica, qui aurait été introduite, cultivée et vendue en Europe par le botaniste et médecin Philipp Franz von Siebold au milieu du XIXe siècle.
Désormais, si la plupart de nos anciens jardins d’acclimatation ont évolué en parcs ou en jardins botaniques, les introductions d’espèces nouvelles en provenance d’autres continents perdurent et s’intensifient du fait de l’augmentation constante de nos échanges touristiques et commerciaux, ce qui génère de nombreuses inquiétudes. Ainsi, les espèces exotiques envahissantes ont été considérées comme la seconde puis comme la cinquième cause d’extinction de la biodiversité dans le monde.
Cet article propose d’explorer ce que dit la littérature scientifique à propos de ces espèces qui viennent de contrées lointaines, en particulier de celles dont les populations deviennent envahissantes, et de faire le point sur leur influence sur la biodiversité francilienne.