L’Observatoire de l’agriculture urbaine et de la biodiversité en Ile-de-France

27 novembre 2017ContactLucile Dewulf

L’Observatoire de l’agriculture urbaine et de la biodiversité en Ile-de-France propose non seulement de connaître les pratiques des jardiniers urbains mais aussi, avec le développement d’indicateurs de la biodiversité, d'aider les décideurs publics et privés à mieux intégrer les enjeux de l’agriculture urbaine.

Des indicateurs évaluent les fonctions remplies par celle-ci à travers cinq grands axes :

  1. le maintien ou la création de corridors écologiques à l’échelle locale (quartier, parcelle)
  2. le maintien ou la restauration d’une biodiversité cultivée et de savoir-faire locaux
  3. la création d’habitats favorables pour les espèces locales
  4. le maintien ou la restauration des processus écologiques du sol (fertilités, cycles biogéochimiques, cycle de l’eau, maintien de la structure, perméabilité, activité bactérienne)
  5. la réduction de l’empreinte écologique: consommation de ressources naturelles, eau, énergie, intrants organiques et inorganiques, circuits de distributions, déchets, denrées alimentaires et leurs flux respectifs

 

L’Observatoire propose d’évaluer l’impact de l’agriculture urbaine en matière de continuités écologiques comme l’évaluation du potentiel de connectivité d’un jardin, la cartographie des toitures potentiellement végétalisables en Ile-de-France, le nombre de projets ayant permis la désimperméabilisation des sols….

Cette notion de corridor écologique est fondamentale pour permettre de préserver et surtout restaurer la biodiversité en milieu urbain. Celui-ci se caractérise par une forte fragmentation et un mitage de l’espace dû aux infrastructures linéaires et bâties (bâtiments, voiries, murs, barrières et grillages, voies ferrées, réseaux). Dans ce contexte, un des enjeux prioritaires est de reconnecter entre eux les éléments de nature encore existants (espaces verts, arbres, parcs, jardins publics ou privé) mais aussi d’en créer de nouveaux pour améliorer le cheminement des espèces floristiques et faunistiques. L’agriculture urbaine, dans ses formes multiples, va, aux côtés d’autres infrastructures vertes, jouer ce rôle de corridor écologique, en fonction de son emplacement (au sol, en façade, sur les terrasses ou les toits…) et des modalités de gestion qui lui sont appliquées.

Ainsi, quand elle se pratique au sol ou dans des jardins partagés, l’agriculture urbaine doit permettre de limiter le déploiement de grillages ou barrières infranchissable pour la petite faune, même s’il existe des conflits d’usage autour des denrées comestibles !

Le rôle de l’agriculture urbaine sur les toits en matière de continuités écologiques est encore difficile à évaluer même si oiseaux ou insectes trouveront de quoi se nourrir par rapport à des surfaces nues ou seulement recouvert de pouzzolane. En revanche, la capacité des fermes LUFA (sur le modèle de celle construite à Montréal), à servir de refuge ou de relai pour la faune semble limitée si ce n’est impossible en raison de leur technique basée sur la culture sous serre... 

Les sols jouent un rôle prépondérant en termes de fonctions écologiques La diversité floristique en surface est directement liée à leur santé-intégrité-qualité.

En milieu urbain, ils subissent d’importantes contraintes (tassement, pollution, imperméabilisation) qui condamnes ces processus essentiels. Cultiver en ville est alors un moyen de les conserver dans un état fonctionnel voire de les restaurer par des pratiques adaptées.

Un certain nombre d’indicateurs contenus dans l’Observatoire de Natureparif permettent d’évaluer la contribution de l’agriculture urbaine à la qualité écologique des sols à l’image de la connaissance des pratiques culturales (semis direct, engrais verts, travail de la terre), techniques inspirées de la permaculture (lasagnes, buttes), rotations de culture (jachère, semis d’engrais verts, etc.).

La question de la diversité génétique est évidemment cruciale. Une des causes majeures de l’érosion de la biodiversité est l’uniformisation des variétés, notamment en agriculture. Or, la pluralité des espèces confère à celles-ci la capacité de s’adapter à un environnement changeant en sélectionnant les individus les plus adaptés à se reproduire et se perpétuer. Conserver une diversité génétique la plus large possible et laisser s’exercer la sélection naturelle est un gage de longévité pour une parcelle agricole.

En d’autres termes, la diversité génétique est une police d’assurance face aux aléas climatiques ou à ceux liés à des pathogènes qui contournent les résistances plus vite encore que l’on ne peut mettre au point de nouvelles variétés.

L’évaluation du rôle de l’agriculture urbaine sur la préservation de la diversité génétique fait parti des axes de travail de l’Observatoire de l’Agence pur la nature et la biodiversité en Ile-de-France. Là encore, plusieurs indicateurs ont été définis comme la description des systèmes de culture, l’analyse de la variabilité génétique et spécifique des végétaux, le recensement des variétés pour chaque espèce cultivée…

Pour que cette diversité génétique puisse se développer, la capacité d’accueil des espèces floristiques et faunistiques sur le territoire urbain doit être importante. Grâce à ses formes  très variés – de la simple jardinière au toit-terrasse de plusieurs centaines de m² en passant par les jardins partagés et même les pieds d’arbre- l’agriculture urbaine peut permettre de multiplier les espaces de nature en ville. Les potentialités d’accueil peuvent varier en fonction de nombreux paramètres : la surface du projet, les pratiques de gestion, le nombre d’aménagement créés sur place, etc..

Afin de déterminer si la pratique de l’agriculture urbaine s’avère attractive pour les espèces et de comparer les projets entre eux, il peut être intéressant  de réaliser des inventaires naturalistes dans les jardins pour quelques espèces cibles. C’est ce que propose là encore l’Observatoire de l’agriculture et de la nature en ville à travers l’axe destiné à évaluer l’impact des projets sur les communautés vivantes et leur habitat. Ainsi, pourra être mis en évidence la pollinisation et les concurrences potentielles entre abeilles domestiques et pollinisateurs sauvages. L’apiculture est en effet souvent associée à la pratique de l’agriculture urbaine ou du jardinage.

Parmi les autres indicateurs imaginés pour mesurer la création d‘habitats favorables en lien avec l’agriculture urbaine, on retrouve aussi l’évaluation de la part des micro-milieux créés ou conservés : bois mort (souches, troncs), muret de pierres sèches, buttes, mares, fossés, prairies naturelles fleuries, friches ou encore la description de structures d’accueil sur les sites (hôtels à insectes, nichoirs à abeilles solitaires, abris et passages à hérissons, abris à chiroptères.

A toutes ces fonctions écosystémiques s’ajoute une autre particularité de l’agriculture à fort impact environnemental : la réduction de l’empreinte écologique des villes.

Il faut cependant nuancer ce constat si l’on considère la palette très large et variée de ce mouvement en terme de techniques employées. De la plus traditionnelle à la plus sophistiquée, certaines peuvent ainsi s’avérer très gourmandes en énergie et en eau (ex. des fermes LUFA) et ne générer du même coup que peu d’économie en matière de flux énergétiques...  .

Pour être qualifié d’écologique, l’agriculture urbaine doit également être pensée dans un cycle de vie des matériaux (de l’origine des ressources jusqu’à leur fin de vie), car chaque étape est susceptible de générer des pollutions.

Il est possible donc ’évaluer chaque projet d’agriculture urbaine et son empreinte en analysant les flux de matière entrant / sortant du système et en analysant le métabolisme généré par le jardin. C’est que propose l’Observatoire avec une autre série d’indicateurs qui portent notamment sur la quantification des flux organiques et inorganiques apportés au jardin, le cycle de l’eau et les techniques d’arrosage utilisées, la quantité de compost produit par mois ou par an, le pourcentage de matériaux recyclés incorporés au projet….

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