La réserve naturelle régionale des Seiglats

29 juin 2020ContactOlivier Renault

Le site dit « des Seiglats » intègre un ensemble d’anciennes carrières liées aux premières extractions de granulats alluvionnaires. La Réserve Naturelle Régionale (RNR) des Seiglats, d’environ 62 ha, exploitée dans les années 1970, se situe dans un méandre de l’Yonne, sur la commune de Cannes-Ecluse en Seine-et-Marne. Le site n’a depuis bénéficié que de peu de réaménagements donnant naissance à un imposant plan d’eau profond (plus de 60 % de la surface du site) dominant la RNR. Cet étang qui ne gèle pas en hiver de par sa grande taille peut être particulièrement attractif pour l’avifaune en cette saison. Il est ainsi possible d'y retrouver la Nette rousse (Netta rufina) ou encore le Fuligule milouin (Aythya ferina) et le Fuligule morillon (Aythya fuligula) occupant le plan d'eau par moments par centaines.

La réserve accueille également un cortège d'oiseaux nicheurs remarquables (rapaces, pics, passereaux) dans les milieux semi-ouverts, plus secs. L'autre atout du site réside dans la mosaïque d'habitats qu'il abrite, et notamment ses groupements végétaux aquatiques et ses pelouses séches, qui présentent un intérêt patrimonial fort.

Le site a été classé en « Réserve naturelle régionale » sous délibération du Conseil régional dÎle-de-France du 9 juillet 2009. La réserve intègre un territoire d’une superficie totale de 282 ha faisant l’objet d’un arrêté préfectoral de protection de biotope (APPB) dénommé « Plans d’eau de Cannes-Ecluse ». Elle est également comprise dans le périmètre de la Zone de Protection Spéciale (ZPS) « Bassée et plaines adjacentes », découlant de la Directive européenne « Oiseaux », d’une superficie de plus de 27 000 ha.

Aussi, la réserve s’inscrit partiellement dans une Zone naturelle d’intérêt écologique, floristique et faunistique (ZNIEFF) de type 1 « Plans d'eau de Cannes-Ecluse » elle-même incluse dans une ZNIEFF de type 2 « Basse vallée de l'Yonne ».

Enfin, la RNR des Seiglats est incluse dans le Périmètre Régional d’Intervention Foncière (PRIF) dit « des Seiglats » de 297 ha. Depuis la création de ce PRIF en 2002, près de 250 ha ont été acquis en jouissance, dont les parcelles classées en RNR. Ces dernières sont donc la propriété du Conseil régional.

La RNR des Seiglats se compose essentiellement de milieux jeunes et issus d’un fort remaniement. Associé à ces stades pionniers, on note la présence d'îlots de végétation vieillissante sur les ripisylves et les bras morts de l'Yonne. L’après carrière n’a en revanche pas connu d’aménagements. Le site dit « des Seiglats » se compose d’un ensemble de zones humides alimentées par la nappe de la craie et par la nappe d’accompagnement de l’Yonne. Ce vaste ensemble constitue une mosaïque d’habitats variés (étangs, ripisylves, marais, roselières, pelouses à orchidées, etc.). 12 types d’habitats ont ainsi été cartographiés dans l’enceinte de la RNR dont deux présentent une valeur patrimoniale : les groupements de petits potamots et les bois de frênes et d’aulnes. Les pelouses alluviales et humides du Mésobromion accueillent quant à elles l’une des deux seules espèces végétales protégées en Île-de-France du site : l'Euphorbe verruqueuse (Euphorbia flavicoma subsp. verrucosa), inféodée aux pelouses et aux friches de la RNR. L’autre étant, la Cuscute d’Europe (Cuscuta europaea), une herbacée classée comme étant « vulnérable » sur la Liste rouge régionale, parasite d’autres herbacées comme l’Ortie dioïque (Urtica dioica)  inféodée à la megaphorbiaie et aux lisières nitrophiles de la réserve. Ces deux espèces protégées ont été retenues parmi les 238 espèces comme possédant une valeur patrimoniale forte sur le site. 

Actuellement, l'état de connaissance des différents groupes taxonomiques est variable. Certains groupes d'espèces ont fait l'objet d'inventaires poussés depuis longtemps ou ont été explorés dans le cadre d'études spécifiques récemment réactualisées tandis que d'autres sont encore mal connus sur le site. A titre d'exemples, certains groupes d'insectes ont fait l'objet d'une réactualisation des connaissances tandis que les micromammifères, ou les diptères sont encore mal connus au sein de la RNR. Le cortège de l’ichtyofaune (les poissons) est quant à lui bien connu, de même que les oiseaux ou les odonates. 

Avec la flore, l’avifaune est un autre point fort du site avec environ 120 espèces contactées. Une vigntaine d'espèces contactées sont considérées comme présentant un intérêt patrimonial. Parmi les espèces à plus forts enjeux, on compte : le Canard chipeau (Anas strepera) pour lequel la fréquentation annuelle en hiver est irrégulière, le Fuligule morillon (Aythya fuligula), la Sterne pierregarin (Sterna hirundo) et, le Martin pêcheur d’Europe (Alcedo atthis). Les berges sont particulièrement favorables à l’alimentation de ce dernier du fait de la présence de nombreux perchoirs naturels et de berges en pente douce. En période hivernale, l’étang peut accueillire un grand nombre d’oiseaux d’eau tels que la Sarcelle d’hiver (Anas crecca), le Héron cendré (Ardea cinerea) ou encore, le Fuligule milouin (Aythya ferina) et le Fuligule morillon (Aythya fuligula) qui peuvent s’y regrouper en nombre (pics à plus de 300 individus pour le Fuligule morillon). Les effectifs notés du Grèbe huppé (Podiceps cristatus) ont atteint les 90 individus présents en même temps sur le site, ce qui est assez exceptionnel dans le sud du Département. Au niveau régional, ce sont donc des effectifs importants que l’on retrouve dans cette grande étendue d’eau, lieu de quiétude fournissant les ressources alimentaires nécessaires au ravitaillement de ces oiseaux faisant une halte sur la réserve avant de pouvoir reprendre leur migration.

Sur l’ensemble des espèces d’oiseaux contactées sur le site, plus de 40 ont déjà été recensées comme étant nicheuses sur le site telles que, le Bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula) et, la Bouscarle de Cetti (Cettia cetti) deux espèces classées comme étant « vulnérables » (VU) sur la Liste rouge des oiseaux nicheurs d'Île-de-France, le Loriot d’Europe (Oriolus oriolus) ou encore, les Pics noir (Dryocopus martius) et épeichette (Dendrocopos minor). 

Les opérations de restauration des prairies humides et de conservation des secteurs de mégaphorbiaies sont bénéfiques à l’installation d’espèces d’oiseaux de milieux semi-ouverts. Plusieurs espèces trouvent par ailleurs les milieux humides nécessaires à leur installation. Enfin, les boisements demeurent attractifs pour un nombre grandissant d’espèces menacées. 

D’après les données disponibles, il semblerait que ces dernières années, le site soit moins attractif pour l’avifaune hivernante. En effet, les effectifs seraient moindres aujourd’hui. Ces observations d’hivernants en nette diminution peuvent être liées des usages dérangeants (braconnage piscicole, etc.) ou encore au changement climatique.

Ont également été mentionnés sur le site, le Grèbe jougris (Podiceps grisegena), espèce classée comme étant « en danger critique d’extinction » à l’échelon national et le Phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus) « en danger » à l’échelle régionale.

La présence d’un long linéaire de berges bordées d’eaux courantes d’une part et d’eaux stagnantes d’autre part convient aux odonates avec près de 30 espèces recensées dont certaines peuvent être considérées comme patrimoniales sur le site telles que l’Orthétrum bleuissant (Orthetrum caerulescens), la Libellule fauve (Libellula fulva), la Cordulie bronzée (Cordulia aenea), la Naïade aux yeux rouges (Erythromma najas) ou encore la Leucorrhine à large queue (Leucorrhinia caudalis), protégée à l’échelle nationale. Au sein du cortège de lépidoptères, 25 espèces de papillons de jour environ ont été recensées telles que le Flambé (Iphiclides podalirius), le Petit-mars changeant (Apatura ilia), une espèce typique des boisements inondés dont la chenille se développe sur les peupliers noirs et blancs, ainsi que sur les saules et, la Grande tortue (Nymphalis polychloros) ; toutes trois déterminantes de ZNIEFF en Île-de-France.

Peu de mammifères y ont été observés. Six espèces de chauves-souris (toutes les espèces de chiroptères sont protégées à l’échelle nationale), utilisent le site comme lieu de chasse et de repos. Trois d’entre elles sont classées comme étant "quasi menacées" (NT) sur la Liste rouge régionale : la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), la Noctule commune (Nyctalus noctula) et, la Pipistrelle de Nathusius (Pipistrellus nathusii), rare en Île-de-France.

Le site présente un faible intérêt pour les reptiles (deux espèces : le Lézard des murailles et la Tortue de Floride) et les amphibiens (trois espèces : la Grenouille rieuse, la Grenouille verte et la Grenouille rousse). L’étude hydrologique de 2018 a permis un inventaire relativement exhaustif des espèces de poissons du site relevant la présence dedix espèces sur le site. Cette récente étude permet également de mieux appréhender le fonctionnement du réseau hydrologique du site et de mieux comprendre les interactions entre les milieux aquatiques et connexes. L’empreinte humaine sur ces milieux est l’une des principales caractéristiques du site, mais les travaux de restauration et de gestion menés au sein de la RNR par Île-de-France Nature ont permis d'en restaurer le fonctionnement écologique naturel. D’autres projets de renaturation sont à l’étude, pour essayer notamment de favoriser l’accueil d’espèces à enjeux.

Cinq enjeux principaux ont été identifiés lors de l'élaboration du plan de gestion du site en 2012, selon les connaissances du site, la valeur patrimoniale des habitats et des espèces ainsi que les activités humaines :

  1. Mieux comprendre le fonctionnement hydrologique du site pour assurer voire optimiser la conservation des habitats et des espèces ;
  2. Garantir le maintien de conditions d'accueil favorables à l'avifaune hivernante et migratrice et, favoriser la nidification des espèces affiliées aux marais ;
  3. Veiller à la conservation des milieux connexes au plan d'eau (milieux ouverts humides ou hygrophiles, boisements) ;
  4. Accueillir le public dans de bonnes conditions et dans le respect des enjeux écologiques ;
  5. Être en mesure d'assurer la gestion administrative de la réserve et sa représentativité au sein des différents réseaux et instances régionales et nationales.

Plusieurs études et travaux ont été réalisés ces dernières années pour répondre à ces enjeux. Une étude hydrologique a permis de mieux appréhender le fonctionnement du site, et permet d’envisager des travaux de restauration des milieux naturels pour les prochaines années. Les inventaires écologiques et les suivis naturalistes effectués sur le site permettent d’améliorer les connaissances sur les espèces et les enjeux mais aussi d’adapter la gestion et l’entretien du site à leur évolution. Aussi, différentes pistes sont actuellement à l'étude pour permettre de consolider l’accueil du public sur le site.

La vocation de la RNR à accueillir et à sensibiliser le public a entrainé la mise en place de panneaux d'informations et la création d’un parcours pédagogique est à l’étude. Un  observatoire a également été aménagé pour permettre aux visiteurs d'apprécier la richesse écologique du site. Des animations à destination du grand public et des scolaires sont aussi organisées par Ile-de-France Nature. L’accès au site peut se faire librement, pour la balade et la course à pied. En revanche, les chiens peuvent altérer la tranquillité des oiseaux sur le site, c'est pourquoi leur présence est interdite au sein de la réserve. Un autre enjeu majeur de gestion concerne la surveillance et notamment du fait de la fréquentation illégale du site par certains pêcheurs ; la pêche et la navigation étant strictement interdits dans l’enceinte de la réserve.

Repères

Superficie : 62 ha

Gestionnaire : Île-de-France Nature

Propriétaire : Région Île-de-France

Date de classement : 09/07/2009

Localisation : Cannes-Ecluses (77)

Visite du site : libre dans le respect de la réglementation en vigueur (pêche interdite) 

Accès :

  • En voiture : sur l’A5, rejoindre la D411 vers Cannes-Ecluses via la sortie 18. L’accès au chemin menant à la réserve est fermé aux véhicules. Il est possible de se garer au centre-ville avant de rejoindre la réserve à pieds en empruntant le cheminement qui longe la voie ferrée. 

Pour contacter le gestionnaire : 

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