La réserve naturelle nationale des Étangs et Rigoles d’Yveline

29 juin 2020ContactOlivier Renault

La réserve naturelle des étangs et rigoles d'Yveline classée par l'Etat en avril 2021 intègre l'ancienne réserve naturelle de Saint-Quentin-en-Yvelines classée en 1986 dont l'objectif principal était de protèger l’une des dernières zones humides continentales d’Ile de France, héritage des vastes travaux hydrauliques de Louis XIV. C’est une escale migratoire, un site d’hivernage et de reproduction sur lequel ont été observées près de 230 espèces d’oiseaux.

La nouvelle réserve naturelle inclut désormais de nouveaux sites et porte la superficie classée de 87 hectares à 310 hectares dont 308 ont vocation a être placés en protection forte afin de restaurer les ecosystèmes aquatiques et terrestres de ce territoire situé dans le département des Yvelines.

Située sur l’étang de Saint-Quentin au sein de l’Île de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines, la réserve fait partie du vaste réseau hydraulique aménagé sous le règne de Louis XIV (réseau supérieur des étangs et rigoles) qui alimentait les jeux d’eau du château de Versailles (bassins, fontaines, etc.). L'une des particularités du site réside en son fonctionnement hydraulique semi-naturel constitué de deux entités : l'étang de Saint-Quentin et les bassins d’inondation. L’étang est depuis son origine alimenté par le réseau hydraulique historique « amont » (réseau géré de nos jours par le Syndicat Mixte d’Aménagement et de Gestion des Etangs et Rigoles - SMAGER), tandis que les bassins sont alimentés par le réseau d’eau pluviale géré par SQY (ex- Communauté d’Agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines). Selon les modalités de gestion écologique des bassins, l’eau y transitant peut soit être transférée vers l’étang de Saint-Quentin (réseau « SAGE Bièvre »), soit être transférée vers le « bassin de Pissaloup » (réseau « SAGE Mauldre »). La richesse du patrimoine naturel de la réserve est conjointement liée à la grande variabilité des habitats naturels qui la compose et plus particulièrement aux habitats liés aux milieux humides et aquatiques.

Située sur un axe secondaire de migration continentale, la localisation de la RNN et son étendue permettent à de nombreuses espèces d’oiseaux de pouvoir accomplir sur l’étang et ses berges tout ou une partie de leurs cycles biologiques. En effet, certains ne s’y arrêtent que le temps d’une halte migratoire (au printemps ou à l’automne), pour s’y reproduire à la belle saison ou encore pour y passer l'hiver tandis que d'autres comme la Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus) y nichent toute l'année.

Le territoire, protégé au titre de la réglementation « réserve naturelle nationale », se trouve en zone Natura 2000. En effet, la réserve est incluse dans la Zone de Protection Spéciale (ZPS) « Etang de Saint-Quentin » découlant de la Directive Européenne « Oiseaux » depuis le 23 décembre 2003. Le site s'inscrit également dans une Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Floristique et Faunistique (ZNIEFF) de type I et s'intègre dans le périmètre réglementaire du SAGE Bièvre (à l’amont du territoire concerné). La RNN est par ailleurs mentionnée dans l’Arrêté préfectoral n°SE 2014-00009 fixant les règles hydrauliques de gestion du réseau géré par le SMAGER.

Le patrimoine naturel de la réserve est reconnu pour sa richesse ornithologique avec près de 260 espèces recensées. Une quinzaine d’espèces de limicoles, pour lesquelles l'escale migratoire se fait dans les vasières du site au printemps ou à l'automne, comme la Bécassine des marais (Gallinago gallinago), le Chevalier gambette (Tringa totanus), le Chevalier culblanc (Tringa ochropus) ou encore le Chevalier guignette (Actitis hypoleucos) sont régulièrement contactées au sein de la réserve. Cet habitat constitué de petits sédiments a d'ailleurs été à l'origine de la création de la réserve naturelle. L’étang de Saint-Quentin est aussi régulièrement utilisé comme site d'hivernage (l'un des plus remarquables en Île-de-France) par bon nombre d'anatidés tels que le Canard souchet (Anas clypeata) ou la Sarcelle d'hiver (Anas crecca). 

Nombre d'oiseaux nicheurs réguliers fréquentent également la RNN parmi lesquels des espèces paludicoles comme le Blongios nain (Ixobrychus minutus) menacé à l'échelon national et classé comme étant "en danger" (EN) dans la Liste rouge régionale des oiseaux nicheurs d’Île-de-France, la Mouette mélanocéphale (Ichthyaetus melanocephalus) et le Grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis) listé comme étant "quasi menacés" (NT) en Île-de-France, la Sterne pierregarin (Sterna hirundo) et le Râle d'eau (Rallus aquaticus) "vulnérables" (VU) dans la région, le Grèbe à cou noir (Podiceps nigricollis) (EN), le Canard chipeau (Mareca strepera) (EN) ou encore le Fuligule milouin (Aythya ferina), nicheur en "danger critique d'extinction" (CR) en Île-de-France.

Concernant la flore, plus de 550 espèces ont été inventoriées sur le site représentant près du tiers du nombre total d'espèces recensées en Île-de-France. Ces cortèges participent à la constitution d'habitats patrimoniaux à l'échelon régional tels que les gazons amphibies rares dans la région s’exprimant en périodes d’exondation au niveau des vasières de l’étang et des bassins écologiques. D'importantes populations d’espèces végétales disposant d'un statut de protection occupent les bordures de l’étang comme le Flûteau à feuilles de Graminée (Alisma gramineum) protégé à l'échelle nationale et en danger critique d'extinction en Île-de-France, la Potentille couchée (Potentilla supina) ou encore le Bident radié (Bidens radiata), tous deux protégés à l'échelle régionale.

Divers inventaires naturalistes récents ont permis de révéler la présence d'une faune invertébrée très riche avec notamment près de 145 espèces de coléoptères et 150 espèces d'araignées inventoriées sur le site. Certaines de ces dernières sont peu fréquentes en Ile-de-France et notamment celles qui sont caractéristiques des sols marécageux comme Badister collaris ou Pterostichus gracilis pour les coléoptères et Donacochara speciosa ou Silometopus elegans pour les araignées. Les odonates font également l'objet de suivis avec près d'une trentaine d'espèces recensées parmi lesquelles l'Agrion mignon (Coenagrion scitulum), espèce protégée à l'échelon régional, le Leste brun (Sympecma fusca) ou encore le Sympétrum vulgaire (Sympetrum vulgatum), toutes déterminantes de ZNIEFF en Ile-de-France.

D’autres groupes ont été inventoriés et font l’objet de suivis annuels ou pluriannuels comme les amphibiens (5 espèces), les reptiles (4 espèces), les poissons (12 espèces), les mammifères (34 espèces dont 9 de chauves-souris sur les 20 franciliennes), les bryophytes (plus de 50 espèces) ou les champignons (environ 180 taxons). Ainsi, de nombreuses espèces remarquables et d’autres considérées comme plus ordinaires mais toujours menacées se croisent sur ce territoire allant du Murin de Daubenton (Myotis daubentonii) listé comme étant "en danger" dans la Liste rouge régionale des chauves-souris d'Ile-de-France au Hérisson d’Europe (Erinaceus europaeus) en passant par l’Orvet fragile (Anguis fragilis), le Triton ponctué (Lissotriton vulgaris) ou encore le Triton crêté (Triturus cristatus), déterminant de ZNIEFF en Ile-de-France et inscrit dans les annexes III et IV de la Directive Habitats-Faune-Flore.

La mosaïque d’habitats du site permet à la RNN d'accueillir une biodiversité remarquable. La conservation de cette mosaïque passe notamment par une gestion adaptée aux enjeux et objectifs du site en suivant les prescriptions décrites dans le plan de gestion de la réserve. Ainsi, des interventions sur les milieux sont parfois nécessaires. Par exemple, la mise en place d'un pâturage extensif caprin est nécessaire à l'entretien des milieux prairiaux et assure de maintien de certaines espèces végétales associées à ces milieux. Par ailleurs, des interventions sur des espèces peuvent contribuer à maintenir des habitats dans un état de conservation « favorable ». En effet, le contrôle de la dynamique de saules (arrachage des arbres et essouchage) peut parfois être nécessaire pour la restauration de roselières favorables à l’avifaune paludicole. Enfin, pour favoriser la conservation de certaines espèces d’oiseaux, la tranquillité du site et la gestion des niveaux d’eau doivent être compatibles afin de favoriser les haltes migratoires (présence de plages de vasières, etc.), la reproduction (par la régulation des marnages notamment) ou, l’hivernage des oiseaux (nécessitant un niveau d’eau élevé).

Parallèlement à ces actions, la réserve naturelle accueille et sensibilise le public au travers de différentes activités pédagogiques. Un sentier, plusieurs observatoires et un point de vue panoramique sur l'étang ont été aménagés afin de permettre aux visiteurs d'apprécier le patrimoine naturel associé à la réserve. Cette immersion invite le public à renouer le contact avec la nature en éveillant les consciences mais aussi à comprendre les enjeux affiliés à la protection de la biodiversité et ce, dans le but de faire appel à la responsabilité environnementale de chacun. Ces actions permettent à l'Homme de se reconnecter avec la nature et donnent à chaque individu les clés d’une plus ample compréhension du fonctionnement des écosystèmes.

Ainsi, la conservation et la pérennité de ce patrimoine naturel sont à la fois dépendantes du bon fonctionnement hydraulique du réseau historique des étangs et rigoles du site, de l’acceptation sociale de cette nature d’exception francilienne et de la compréhension des mécanismes propres à cette nature.

Repères

Voir le site de la réserve

Superficie : 310 ha

Gestionnaire : SMAGER

Contact : SMAGER - Hôtel du Département - 2, place André Mignot, 78012 Versailles Cedex

Tél. : 01 39 07 88 05  

 

Accueil / Information / Réservation :

Maison de la réserve - Île de loisirs de Saint-Quentin-en-Yveline
Rond-point Eric Tabarly
RD912
78190 TRAPPES

Mail : reserve@ smager.fr

Tél. : 01 71 49 71 82

Accès réglementé

 

Propriétaires : État (domaine de l'Etat ; 79 % foncier), Commune (Mesnil-Saint-Denis, 15 % foncier), Région Ile-de-France (6 % foncier)

Date de classement : 08/04/2021

Décret de création de la réserve 

 

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