Inventaires éclairs 2022

Retour sur l'événement

25 janvier 2023ContactLucile Dewulf

En 2011, l’ARB îdF organisait ses premiers inventaires éclairs sur le territoire du projet de Parc naturel régional Brie et deux Morin. Reconduit chaque année depuis – à l’exception des années 2020 et 2021 en raison de la situation sanitaire –, cet événement est devenu un rendez-vous incontournable pour les naturalistes franciliens.

Cette année, nous nous sommes à nouveau donné rendez-vous sur le territoire du futur PNR Brie et deux Morin, sur les communes de Mauperthuis, Saint-Augustin et Beautheil-Saints (77), situées le long de la vallée de l'Aubetin, sur la frange entre la Brie boisée et la Brie agricole.

Les inventaires éclairs répondent à plusieurs objectifs : l’animation de la communauté naturaliste francilienne, la découverte du patrimoine naturel des communes prospectées et l’amélioration de l’état des connaissances communales.

Animation de la communauté naturaliste

L’événement a permis à 134 naturalistes de se retrouver ou de se rencontrer, malgré des conditions météorologiques peu favorables, ce qui constitue un record ! Parmi les participants, 63% n’avaient encore jamais participé aux inventaires éclairs lors de précédentes sessions.

 

 
Pour la réalisation des prospections, nous avons pris l’habitude de demander aux participants de renseigner les connaissances et affinités naturaliste qu’ils ont, ainsi que les groupes taxonomiques sur lesquels ils souhaitent réaliser leurs prospections afin de constituer des groupes de 5 à 8 personnes répartis sur le territoire de manière à en prospecter l’ensemble. Cela permet à chacun et chacune de partager des connaissances, d’en apprendre de nouvelles et de se rencontrer.
De fait, une majorité d’entomologistes, d’ornithologues et de botanistes étaient présents mais une bonne proportion d’herpétologues étaient également représentés. Les spécialistes d’autres groupes se comptaient pour la plupart sur les doigts d’une main, ce qui reste néanmoins et malheureusement représentatif du nombre d’experts sur ces sujets, dans la région et de manière générale.
Parmi les prospections ciblées ayant été réalisées en journée, un inventaire des longicornes a été piloté par l’Opie et un autre sur les araignées. Le Conservatoire botanique national du Bassin parisien a également mobilisé son réseau de correspondants, tandis qu’une balade botanique était proposée par Seine-et-Marne Environnement aux naturalistes moins initiés. Le soir, quatre postes lumineux ont été installés sur Mauperthuis et Saint-Augustin pour inventorier les papillons de nuit, et deux sorties nocturnes étaient organisées, sur les amphibiens et les chauves-souris.

DÉCOUVERTE DU PATRIMOINE NATUREL FRANCILIEN

Les inventaires éclairs sont l’occasion de faire de parler du patrimoine naturel des communes avec leurs habitants. Ainsi, le vendredi, huit sorties et animations scolaires ont été organisées pour les classes allant du CP au CM2 (environ 180 enfants), par l’équipe de l’ARB et de Seine-et-Marne Environnement. Le samedi, deux balades à destination des habitants ont été organisées par Grégoire Loïs, naturaliste à l’ARB.

Néanmoins, la découverte du patrimoine naturel des communes s’effectue également auprès des naturalistes présents, dont certains viennent des quatre coins de l’Île-de-France ! Ainsi, avant les inventaires éclairs, le territoire des trois communes n’avait été prospecté par 37 naturalistes seulement. A l’issue du weekend, 105 naturalistes ont été actifs jusqu’à saisir leurs observations dans la base de données Géonat’.

Améliorer l’état des connaissances communales
CONNAISSANCE INITIALE
Avant les inventaires éclairs, 2785 observations été recensées dans la base de données Géonat’, soit 803 espèces dont une grande majorité sur une période récente (moins de 10 ans).

APPORT DES INVENTAIRES ÉCLAIRS

Les inventaires éclairs ont permis de collecter 3970 observations, soit 1112 taxons ! Parmi ceux-ci, une très grande majorité de plantes à fleurs et d’insectes furent dénombrés. Les événements météorologiques du weekend (temps froid et pluvieux) et des semaines précédentes (vague de chaleur ayant conduit à une fauche précoce des prairies) ne présageaient pas des conditions d’observation optimales. Les résultats de cette édition des inventaires éclairs se placent néanmoins dans la moyenne des précédentes années.

Les inventaires éclairs ont, de fait, permis d’améliorer considérablement les connaissances communales de Mauperthuis, Saint-Augustin et Beautheil-Saints. En effet, plus d’une espèce sur deux observées pendant l’évènement n’avait pas encore été recensée sur le territoire des trois communes. Au total, 624 nouveaux taxons ont été découverts.

Si la connaissance des oiseaux semblait assez complète, celle concernant les insectes et les plantes à fleur a été considérablement améliorée. Si, pour d’autres groupes, l’apport de connaissances parait plus modeste au regard de la diversité régionale, les inventaires éclairs ont cependant permis d’apporter des données sur des groupes très peu voire pas du tout inventoriées jusqu’alors (champignons, mousses, lichens…).

Ainsi, aucun inventaire n’avait été mené jusqu’à maintenant sur les chiroptères. Les boitiers d’enregistrement posés dans divers secteurs ont permis de capter 7 espèces différentes : la Sérotine commune, le Murin de Daubenton, le Murin à moustaches, le Murin à oreilles échancrées, la Noctune de Leisler, la Pipistrelle commune, la Pipistrelle de Kuhl. Les conditions météorologiques n’ayant pas été favorables à l’inventaire de ce groupe, la pose de boitiers sous des temps plus cléments permettrait sans doute de capter d’autres espèces, les oreillards notamment.

Les secteurs prospectés pendant les inventaires éclairs se sont concentrés sur la vallée de l’Aubetin et les bourgs des trois communes, les naturalistes s’étant assez peu rendus dans les espaces de grandes cultures céréalières. Cet échantillonnage, bien qu’incomplet, a tout de même permis de prospecter des secteurs qui ne l’avaient pas encore été jusqu’à maintenant, tels qu’au Bisset, au Vieux Saint-Augustin, aux Bordes ou encore dans le Bois de Beaumarchais. Le long de la vallée de l’Aubetin, la connaissance a été largement complétée et actualisée.

FAITS MARQUANTS NATURALISTES

Grâce à l’effet loupe des inventaires éclairs, 16 nouvelles espèces pour l’Île-de-France furent découvertes, dont une qui s’avère également être une première observation pour la France métropolitaine !

Nouvelles espèces franciliennes

Ordres taxonomiques

Goera pilosa

Rhyacophila vulgaris

Potamophylax latipennis

Trichoptères

Dolichopeza hispanica

Lasioptera rubi

Norellisoma spinimanum

Tipula montium

Gonomyia securiformis*

Antocha vitripennis

Diptères

Metylophorus nebulosus

Trichadenotecnum sexpunctatum

Pscocoptères

Psylla alni

Phytocoris longipennis

Hémiptères

Torymus nobilis

Hyménoptères

Caloptilia falconipennella

Lépidoptères

Calogaya pusilla

Teloschistales (Lichens)

*Nouvelle mention pour la France métropolitaine également

Outre ces découvertes naturalistes, ces inventaires ont permis de trouver des espèces à enjeux pour l’Île-de-France, dont notamment :

  • L’Agrion de Mercure, dans le ru de l’Oursine au nord de la commune de Mauperthuis, classé [en danger] sur la Liste rouge régionale.
  • Le Murin de Daubenton, également classé [en danger] dans la Liste rouge régionale en raison d’un important déclin inexpliqué ces dernières années. L’espèce, associées aux milieux humides et notamment aux rivières, a été observée dans plusieurs secteurs.
  • L’Hespérie du chiendent, une espèce [vulnérable] sur Liste rouge régionale, a été observée dans divers secteurs et par plusieurs observateurs différents malgré de mauvaises conditions météorologiques pour l’observation des lépidoptères, laissant présager une population locale importante.
  • Le Murin à oreilles échancrées et la Noctule de Leisler, tous deux classé [quasi menacé], ont été observé à Beautheil-Saints.
  • Le Cordulégastre annelé, également [quasi-menacé], a été observé dans plusieurs secteurs.
  • La Laîche distique, espèce [quasi-menacée] sur Liste rouge régionale, a été observée dans un secteur de Beautheil-Saints.
  • Enfin, des traces de présences de la Mulette épaisse (coquilles) ont été trouvées dans l’Aubetin. Dans la base de données, cette espèce protégée au niveau nationale a été mentionnée pour la dernière fois en 2011.

La liste exhaustive des taxons observés est présente en annexe.

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