Rencontre des observateurs Vigie-flore & ERBistes 2017

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14 février 2019

Pour la deuxième année, une trentaine de botanistes participants (ou futurs participants) au  programme national de science participative Vigie-flore et une dizaine de botanistes franciliens formés à l’école régionale de botanique se sont retrouvés, le temps d’une journée, le 6 mai 2017, pour échanger sur leur connaissance et leur pratique de la botanique.

Lors de cette journée organisée par le Muséum national d’Histoire naturelleNatureparif et Telabotanica, les animatrices du programme Vigie-flore, Emmanuelle Porcher (professeure au Muséum) et Gabrielle Martin (en thèse au Muséum) ont fait un état des lieux des huit années d’existence du programme dans l’amphithéâtre Rouelle du jardin des plantes (voir présentation ci-contre).

Gabrielle Martin indique qu’à ce jour, 3000 placettes de 10 m² ont été suivies par 300 botanistes volontaires sur toute la France. Cette forte mobilisation permet de voir l’évolution des populations et des communautés de plantes communes dans le temps. Le fromental élevé (Arrhenatherum elatius) est par exemple de plus en plus fréquent dans les placettes vigie-flore alors que la fréquence du trèfle rampant (Trifolium repens) diminue sensiblement d’année en année. 

Les causes de ces tendances opposées sont à rechercher dans les traits écologiques de ces espèces : leur mode de pollinisation, leur habitat préférentiel, leur type biologique mais aussi leur température optimale. Ce dernier indice associe à chaque espèce une température optimale pour son développement. Ainsi Gabrielle Martin a pu mettre en évidence, à l’échelle des communautés de plantes, une augmentation de la température optimale moyenne sur les huit dernières années en lien avec le changement climatique. Mais comme l’a révélé Emmanuelle Porcher, plusieurs études ont montré que les plantes ne se déplacent pas aussi vite que l’augmentation de la température et notamment en plaine où les espèces ont plus de distance à parcourir qu’en montagne !

Daniel Mathieu, président de Tela Botanica a présenté SmartFlore, un nouvel outil électronique collaboratif qui permet de créer et de rechercher des balades botaniques mais aussi de consulter des fiches sur plus de 10 000 taxons.

Audrey Muratet, chargée de mission à Natureparif a fait un état des lieux sur les friches urbaines en Île-de-France. Ces espaces urbains sont parmi les plus riches dans les relevés Vigie-flore et jouent un rôle majeur dans les continuités écologiques. Mais le programme Vigie-flore montre que cette diversité diminue avec le temps et les données de l’IAU (Institut d’aménagement et d’urbanisme) révèlent que la surface occupée par ces milieux en Île-de-France a diminué de moitié en 30 ans. Cette botaniste s’est passionnée depuis 15 ans pour ces milieux et a présenté en avant-première l'ouvrage La flore des friches urbaines (éditions Xavier Barral), mettant en avant les habitats et les plantes de ces milieux encore trop méconnus. Il sortira en librairie le 1er juin. 

Les 40 botanistes sont ensuite allés découvrir la Réserve naturelle nationale des sites géologiques de l'Essonne où ils ont retrouvé le reste de l’équipe Vigie-flore, Eric Motard et Nathalie Machon.

Le gestionnaire du site Grégoire Martin, a présenté la réserve qui couvre 10 communes du département de l’Essonne. Cette réserve protège des couches sédimentaires du Stampien riches en fossiles. Associé à cet intérêt géologique, ce site présente également sur ses coteaux calcaires des pelouses et fourrés qui ont fait le bonheur des botanistes. Ils ont pu observer près de 80 plantes sur la commune de Chauffour-lès-Étréchy dont certaines extrêmement rares dans la région comme la Cardoncelle molle (Carthamus mitissimus), le Géranium luisant (Geranium lucidum), la Globulaire allongée (Globularia bisnagarica), ou la Téesdalie à tige nue (Teesdalia nudicaulis).

Cette sortie a permis de ressortir les loupes, d'ouvrir les flores et de motiver les participants à poursuivre leur implication dans l’amélioration de la connaissance de la flore qui les entoure.

Crédits photographiques : Audrey Muratet et Gabrielle Martin

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