La réserve naturelle régionale des Bruyères de Sainte-Assise

29 juin 2020ContactOlivier Renault

La Réserve Naturelle Régionale (RNR) des Bruyères de Sainte-Assise de près de 93 ha est située à 45 km au sud-est de Paris, au cœur du massif de Bréviande, lui-même inclus dans une trame de quatre grands massifs forestiers qui longent la Seine : Sénart, Rougeau, Bréviande et Fontainebleau. Le site est situé sur les communes de Boissise-la-Bertrand et de Seine-port à proximité de Melun. Localisée sur la rive droite de la Seine, la Réserve se trouve au niveau de la limite occidentale du plateau de la Brie Française et plus précisément de la Brie melunaise formant une ancienne terrasse de la Seine dont la roche mère est constituée d’un dépôt d’alluvions résiduels sablo-argileux reposant sur une couche d’argile à meulière.

La RNR des Bruyères de Sainte-Assise se compose d’habitats diversifiés à la fois du point de vue structural que dynamique, en raison de la topographie du site, d’un sol de composition chimique variable et de gradients hydrométriques marqués et dépendants de la variation de la nappe perchée du sol. Le domaine combine ainsi forêt de sols acides, landes humides, végétations pionnières de pelouses à annuelles et, végétations se développant dans les mares oligotrophes. Le reste de la Réserve est occupé par des milieux affiliés à des sols plus neutres de moindre enjeu patrimonial mais constituant l’habitat de certaines espèces à enjeux. Sur les 20 habitats naturels identifiés au sein de la RNR, 8 s'inscrivent dans la Directive européenne « Habitats-Faune-Flore » représentant près de 20% de la surface totale de la Réserve. A l'image de cette disparité de milieux, des communautés d'espèces très hétérogènes occupent le site et notamment les quatre espèces de bruyères présentes en Ile-de-France: la Callune (Calluna vulgaris), la Bruyère à quatre angles (Erica tetralix), la Bruyère cendrée (Erica cinerea) et la Bruyère à balais (Erica scoparia). 

Le site a été classé « Réserve naturelle régionale » (RNR) par délibération du Conseil régional d’Île-de-France du 22 octobre 2009. La partie nord est incluse dans la Zone de Protection du Patrimoine Architectural Urbain et Paysager (ZPPAUP) de la commune de Seine Port ainsi que dans le site classé « Boucle de la Seine et vallon du ru de Balory ».

Le Périmètre Régional d’Intervention Foncière (PRIF) de Rougeau et Bréviande, dans lequel est inclus le site, a été créé par délibération d'Île-de-France Nature en 1967 et occupe aujourd’hui une surface de 3 450 ha. Une surface de 1964 ha, dont la RNR, a pour le moment été acquise en jouissance et est donc la propriété du Conseil Régional. La réserve naturelle régionale s’inscrit également dans une Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Floristique et Faunistique (ZNIEFF) de type I « Landes de Sainte Assise et Bois de Boissise-la-Bertrand » de 833 ha elle-même incluse dans une ZNIEFF de type II « Bois et landes entre Seine-Port et Melun » de plus de 1300 ha.

L’ensemble des campagnes d’inventaires floristiques menées sur la réserve font mention de près de 430 espèces sur le site. Cependant seules les deux dernières sont considérées comme celles décrivant la flore actuelle. La dernière campagne menée sur la réserve par le CBNBP a permis de recenser 276 espèces végétales même si une mise à jour de cet inventaire serait nécessaire. Huit espèces protégées ont été inventoriées sur le site : la Bruyère à balais (Erica scoparia), l’Illécèbre verticillé (Illecebrum verticillatum), le Laser à feuilles larges (Laserpitium latifolium), la Lobélie brûlante (Lobelia urens), le Saule rampant (Salix repens), la Pédiculaire des bois (Pedicularis sylvatica), la Pilulaire à globules (Pilularia globulifera), également protégée à l’échelle nationale, et le Potamot à feuilles de Renouée (Potamogeton polygonifolius). 54 espèces recensées présentent un intérêt patrimonial telles que la Scirpe à nombreuses tiges (Eleocharis multicaulis). 

La réserve des Bruyères de Sainte-Assise est donc un site d’intérêt botanique exceptionnel abritant des espèces aujourd’hui en régression en Île-de-France en raison de la régression des habitats et de la fragilité naturelle de plusieurs espèces en limite d’aire. A titre d'exemples, citons la Scirpe à nombreuses tiges (Eleocharis multicaulis), espèce extrêmement rare en Ile-de-France du fait notamment de l'eutrophisation des mares et, la Bruyère à balais pour laquelle la RNR correspond à sa station la plus nord-orientale. Un remarquable effort de recensement des bryophytes a également été fait avec près de 130 espèces inventoriées au sein de la Réserve parmi lesquelles trois déterminantes de ZNIEFF en Île-de-France : Dicranella howeiSphagnum auriculatum et Ulota coarctata. Aussi, une centaine d'espèces de lichens ont été inventoriées sur le site et témoignent de la richesse du milieu. Cette diversité est favorisée par le vieillissement de la forêt et la présence de zones écorchées dans les landes ou les pelouses.

En termes de diversité faunistique, l’entomofaune constitue la principale richesse du site. Pour preuve, plus de 600 espèces ont été recensées sur le site dont 14 espèces protégées à l'échelle régionale telles que le Bupreste du Genévrier (Lamprodila festiva), le Flambé (Iphiclides podalirius), la Mélitée du Mélampyre (Melitaea athalia), le Nacré violet (Boloria dia), l’Œdipode turquoise (Oedipoda caerulescens) ou encore, le Poecile tricolore (Poecilus kugelanni). Les lépidoptères des milieux ouverts et des écotones présentent le plus grand nombre d’espèces patrimoniales suivis de peu par les coléoptères saproxyliques, très diversifiés malgré la rareté des vieux boisements au sein de la réserve. Quelques espèces rares en Ile-de-France ont pu être inventoriées dans la RNR telles que le Leste fiancé (Lestes sponsa) ou la Decticelle bicolore (Bicolorana bicolor), un orthoptère affilié aux pelouses et prairies sèches. Cette diversité s’explique par la richesse des habitats mais également par un fort effort de prospection ciblant l’entomofaune. Le Miroir (Heteropterus morpheus), un hesperidé dont on ne connaît plus que quelques petits noyaux de population en Île-de-France a également été recensé sur le site. De nouvelles prospections pourraient être menées pour réactualiser l'état de connaissance de la répartition de l'espèce sur le site. Par ailleurs, la réserve a notamment fait état sur son territoire de la découverte de trois espèces décrites comme nouvelles pour la région en 2002 et 2003 Acrobasis pophyrella, la Xanthie hématine (Agrochola haematidea) et la Noctuelle brique (Paucgraphia erythrina). Les données récentes ne semblent cependant pas réaffirmer leur présence en Île-de-France.

Quatre espèces de reptiles ont été recensées sur la RNR : la Coronelle lisse (Coronella austriaca), la Couleuvre helvétique (Natrix helvetica), le Lézard des murailles (Podarcis muralis) ainsi que l’Orvet fragile (Anguis fragilis). Pour ce qui est des amphibiens, les Grenouilles agile et verte (respectivement Rana dalmatina et Pelophylax kl. esculentus) et les Tritons crêté, palmé et ponctué (respectivement Triturus cristatusLissotriton helveticusLissotriton vulgaris) sont présents dans le domaine. La fermeture du milieu pourrait être une des causes de la disparition de la Rainette verte (Hyla arborea) de la réserve et du massif depuis 1999. Le Triton crêté et la Coronelle lisse sont en effectifs très faibles sur le site et aux environs. La principale menace qui pèse sur les espèces patrimoniales est donc la fermeture des milieux humides. Toutes les espèces de reptiles et d’amphibiens sont protégées au niveau national même si elles ne sont pas toutes menacées.

La présence d’une mosaïque de milieux de landes et de fourrés plus ou moins boisés entre le terrain militaire et la réserve favorise la diversité des espèces d'oiseaux qui fréquentent le site. Ainsi, plus de 80 espèces d’oiseaux ont été contactées au sein de la RNR. Les nidifications de la Bondrée apivore (Pernis apivorus) et de la Linotte mélodieuse (Carduelis cannabina), toutes deux inscrites à l’Annexe 1 de la Directive "Oiseaux" bien que communes en Île-de-France, ont pu être confirmées au cours de l’élaboration du plan de gestion. Seule la Bondrée a été revue fréquemment (un individu) au cours des dix dernières années. La Huppe fasciée (Upupa epops) et la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio) sont quant à elles contactées sur le site de manière épisodique.

7 grands enjeux ont été identifiés sur le site, selon les connaissances actuelles, la valeur patrimoniale des habitats et des espèces et les activités humaines :

  • Améliorer la fonctionnalité du site et de ses habitats les plus caractéristiques ;
  • Préserver la patrimonialité des formations herbacées ;
  • Concilier renaturation du site et conservation du patrimoine historique ;
  • Développer les potentialités des boisements ;
  • Faire connaître la réserve et ses enjeux de conservation ;
  • Améliorer la connaissance ;
  • Être en mesure d’assurer la gestion administrative de la réserve et sa représentativité au sein des différents réseaux et instances régionales et nationales.

Des missions de génie écologique et d’entretien des milieux permettent de préserver la biodiversité associée aux différents habitats. Une première phase de travaux a été mise en œuvre dans la réserve afin de restaurer d'importantes superficies de landes. Une seconde phase est quant à elle prévue et concernera la restauration du réseau hydrologique du site de manière à assurer le maintien des habitats humides et mésophiles. La RNR a aussi pour vocation d’accueillir et de sensibiliser les scolaires et le grand public à long terme. C'est pourquoi, des travaux de sécurisation du domaine ont été entrepris notamment via l'extraction de pylônes situés à proximité des chemins. Cette opération a permis de réutiliser les trous crées suite à ces travaux pour en faire des mares.

Repères

Superficie : 93 ha

Gestionnaire : Île-de-France Nature

Propriétaire : Région Île-de-France

Date de classement : 22/10/2009

Localisation : communes de Boissise-La-Bertrand et Seine-Port (77)

Accès au public : réglementé

Pour contacter le gestionnaire : 

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