La réserve naturelle nationale des sites géologiques de l'Essonne

29 juin 2020ContactOlivier Renault

Instaurée en 1989 à l'initiative du Conseil départemental de l'Essonne, la réserve naturelle nationale (RNN) des Sites géologiques de l'Essonne constitue l'une des toutes premières réserves naturelles géologiques de France.  Elle regroupe 13 sites localisés autour d'Etampes et pour lesquels le Conseil départemental assure la conservation en oeuvrant contre l'érosion, les fouilles intempestives et l'urbanisation.

La RNN abrite un patrimoine géologique exceptionnel. Divers aménagements ont été mis en place par la structure gestionnaire afin notamment d'y observer des affleurements de référence datant de l'époque stampienne (-33,9 à -28,1 millions d'années). L'intérêt écologique des sites de la réserve est qu'ils constituent une mosaïque d'habitats pour lesquels certains ont un enjeu fort à l'échelle régionale. Cette diversité de milieux abrite une faune et une flore remarquables avec de nombreuses espèces patrimoniales telles que l'Alisier de Fontainebleau (Sorbus latifolia) et la Chevêche d'Athéna (Athene Noctua), deux espèces protégées à l'échelle nationale ou encore, la Campanule à feuilles de pêcher (Campanula persicifolia) listée comme étant "en danger" sur la Liste rouge régionale de la flore vasculaire d'Ile de France.

 

Repères

Superficie : 27 ha

Gestionnaire : Conseil départemental de l'Essonne

Propriétaires : Etat - Conseil départemental de l'Essonne - Privés

Date de classement : 17/07/1989

Localisation : Auvers-Saint-Georges, Chalo-Saint-Mars, Chauffour-lès-Étréchy, Itteville, Méréville, Morigny-Champigny, Ormoy-la-Rivière, Saint-Hilaire, Saulx-les-Chartreux et, Villeneuve-sur-Auvers (91)

Ouverture au public : sites d'Auvers-Saint-Georges, de Chauffour-lès-Etrechy, d'Itteville, de Méréville et de Villeneuve-sur-Auvers en libre accès 

Pour contacter le gestionnaire :

  • Grégoire Martin - Conservateur de la Réserve Naturelle des Sites géologiques de l’Essonne

    Mail : gmartin@ cd-essonne.fr

    Tel : 01 60 91 91 70

Protection et outils d'aménagement du territoire

Depuis sa création, la réserve bénéficie d'une double protection: une protection réglementaire qui se traduit par le classement du site en Réserve Naturelle Nationale à laquelle s'ajoute une protection foncière qui se traduit par le recensement de tous les sites de la RNN en espaces naturels sensibles (ENS). Du fait de son organisation polynucléique étalée sur l'ensemble du territoire essonnien, chaque site appartenant à la réserve s'inscrit différemment dans un ou plusieurs espaces protégés ou dans un zonage d'inventaire en faveur de la nature. Ces classements sont répertoriés dans le tableau suivant: 

Les sites de la Sablière de Villemartin, des Monceaux et de la Butte du Puits s'inscrivent également dans un périmètre de monument historique inscrit ou classé. Ainsi, tout aménagement nécessite au préalable de prendre en compte l'ensemble de ces zonages.

Sur six géosites de de la réserve, divers aménagements permettent d’observer les affleurements de référence, le stratotype, d’une pé­riode des temps géologiques: le Stampien. C’est en effet aux environs d’Étampes qu’a été défini cet étage stratigraphique, compris entre -33,9 à -28,1 millions d’années. Tel un livre ouvert, ces couches géolo­giques retracent, au travers des sables, grès, argiles et calcaires, l’histoire de la dernière transgression marine dans le Bassin parisien. Douze affleurements issus majoritairement d'anciennes carrières se succèdent ou se juxtaposent pour présenter la série stampienne dans sa majeure partie. Le géosite d'Orgemont, réhabilité en 2017 est actuellement l'unique gisement connu de vertébrés et mollusques continentaux du Stampien supérieur.

Afin d'accueillir le public, différents aménagements ont été mis en place et notamment une verrière aménagée en 2003 à la Carrière des Sablons permettant d'observer le Calcaire grossier d'Etréchy, déposé au Stampien inférieur au début de la transgression marine. Cette couche est surmontée d'un niveau fossilifère du Falun de Jeurre livrant un riche patrimoine de mollusques du Stampien, lui-même surmonté de cailloutis fluviatiles quaternaire. Par ailleurs, des vitrines constituées de spécimens fossiles provenant des sites permettent au public d'apprécier et de connaitre le patrimoine fossilifère de la réserve.

La vallée de la Juine et ses affluents sont connus de longue date des naturalistes : dès le milieu du XIXème siècle, les scientifiques sont en effet venus « herboriser  » ces espaces ouverts aux espèces atypiques. A sa création, la réserve a logiquement associé la conservation du stratotype à la préservation de ce cadre naturel, en incluant les éléments vivants. En effet, au travers de la singularité des sous-sols qu’elle protège, la réserve est le siège d’un environnement naturel de grand intérêt. Les populations animales et végétales qui lui sont inféodées, témoignent clairement de la relation intime de la nature des sols, de l’ensoleillement et des habitats. Cela est particulièrement vrai concernant deux milieux à forts enjeux présents sur la réserve : les pelouses calcicoles sèches à très sèches, habitats d'intérêts européen et déterminants de ZNIEFF en Ile-de-France. D'autres habitats sont quant à eux à enjeu fort dans la région telles que les prairies mésophile et les ourlets thermophiles, tous deux déterminants de ZNIEFF à l'échelle régionale.

Plus de 67 espèces floristiques patrimoniales ont été inventoriées au sein de la réserve ! Citons les plus emblématiques : l'Alisier de Fontainebleau (Sorbus latifolia), espèce protégée à l'échelle nationale mais aussi, le Cardoncelle mou (Carthamus mitissimus), la Laîche de Haller (Carex halleriana) et l'Orobanche pourprée (Phelipanche purpurea), toutes trois protégées en Ile-de-France.

D'un point de vue faunistique, la réserve présente un grand intérêt pour l'avifaune, l'entomofaune et l'herpétofaune. On y retrouve ainsi chez les oiseaux : la Huppe fasciée (Upupa epops), le Cochevis huppé (Galerida cristata), tous deux classés comme étant en danger sur la Liste rouge régionale des oiseaux nicheurs d’Ile-de-France ou encore le Gobemouche noir (Ficedula hypoleuca) "vulnérable" à l'échelle francilienne.

Concernant les reptiles, 5 espèces ont été inventoriées sur les sites : l'Orvet fragile (Anguis fragilis), la Coronelle lisse (Coronella austriaca), le Lézard à deux raies (Lacerta bilineata), le Lézard des murailles (Podarcis muralis) et la Couleuvre helvétique (Natrix helvetica). Pour ce qui est de l'entomofaune, près de 15 espèces d'orthoptères ont été inventoriées au sein de la RNN parmi lesquelles 11 sont déterminantes de ZNIEFF. On y retrouve trois espèces patrimoniales: le Criquet des larris (Chorthippus mollis), le Criquet des pins (Chorthippus vagans) et le Criquet blafard (Euchorthippus elegantulus). Concernant les lépidoptères, 22 espèces patrimoniales de rhopalocères et zygènes ont été recensées dont  l'Héspérie du Chiendent (Thymelicus acteon) listé comme étant "vulnérable" dans la Liste rouge régionale des rhopalocères et zygènes d'Ile-de-France et "quasi menacée" à l'échelon européen. Dans le groupe des hétérocères, 25 espèces patrimoniales ont été inventoriées dont 18 sont listées comme étant "vulnérables" en Ile-de-France et 5 espèces pour lesquelles la réserve a une forte responsabilité régionale: la Servante (Dysauxes ancilla), la Cucullie de la Molène-Lychnis (Cucullia lychnitis), le Chrysographe (Pyrrhia umbra), la Noctuelle parée (Hadena albimacula) et la Noctuelle gris-de-lin (Epilecta linogrisea).

De manière générale, la RNN abrite un patrimoine naturel exceptionnel. Cependant, l'augmentation de l'effort de prospection serait nécessaire afin de mieux connaitre la faune et la flore de la RNN et de mieux appréhender la gestion du site. Un étude de trois ans est actuellement en cours et viendra renforcer l'état de connaissance du patrimoine naturel du site.

Du fait de son patrimoine géologique unique en France, la RNN oriente ses actions prioritaires de conservation vers les sites et éléments géologiques remarquables liés au stratotype du Stampien et aux fossiles associés. Le Conseil départemental s'assure également de l'inventaire, de la remise en état et du stockage des fossiles prélevés. Ces derniers sont parfois utilisés dans le cadre de la diffusion de connaissances lors, par exemple, d'expositions temporaires à destination du grand public.

Les habitats d'intérêts des sites accueillent un patrimoine naturel riche et orientent les enjeux transversaux de la réserve. Ainsi, une gestion conservatoire des milieux est menée par le gestionnaire qui s'assure notamment de préserver les pelouses d'intérêt européen. Des missions de génie écologique et des inventaires faunistiques et floristiques permettent de préserver la biodiversité associée aux différents milieux. La RNN a aussi pour vocation d'accueillir et de sensibiliser le public. Dans cette optique, des panneaux pédagogiques ont été installés et des animations sont régulièrement proposées aux scolaires comme au grand public. Les sites d'Auvers-Saint-Georges, de Chauffour-lès-Etrechy, d'Itteville, de Méréville et de Villeneuve-sur-Auvers sont en libre accès mais des animations peuvent être proposées sur l'ensemble des sites de la RNN. D'autres aménagements, tels qu'une verrière à Etrechy, ont été installés dans le but d'apprécier le patrimoine géologique de la réserve en toute sécurité et ce, en assurant la bonne conservation des éléments géologiques. Néanmoins, des efforts supplémentaires doivent être faits afin de pouvoir accueillir de manière autonome et en toute sécurité le public sur l'ensemble des sites. Des aménagements devraient être mis en place afin de favoriser l'accès des sites aux personnes à mobilités réduites.

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