Biodiversité confinés jour 10 : le Faucon crécerelle

08 avril 2020ContactMaxime Zucca

Chaque jour, notre ornithologue Maxime Zucca, vous invite à apprendre à reconnaître une espèce parmi la faune visible depuis nos fenêtres, en ces temps de confinement, afin que même les plus urbains d'entre nous, ceux qui n'ont pas la chance de pouvoir profiter d'un jardin ou même d'un balcon, puissent se reconnecter à la nature. Et vous vous rendrez compte que, même au coeur des grandes villes, il y a des choses à observer que nous ne prenons habituellement plus le temps de voir !

Malgré le retour en force de l’épervier et du pèlerin, le plus citadin des rapaces reste probablement le Faucon crécerelle.

Pour bien le reconnaître en vol : longue queue et ailes pointues (plus rondes chez l’épervier). Et dessus des ailes roux contrastant avec le bout noir. Il est plus petit que le pèlerin et à la queue plus longue en proportion.

Le mâle a aussi moins de points noirs sur les parties rousses, et la tête grise quand celle de la femelle est rousse (mâle à gauche, femelle à droite)

On en a parlé lors de l’incendie de Notre-Dame car deux couples nichent sur la façade de la cathédrale. Il a effectivement bon goût : les crécerelles s’installent sur l’Arc de Triomphe, au Louvre, au Château de Vincennes, aux Invalides, sur le Sacré Cœur, la Tour Saint-Jaques, et toutes sortes d’églises.

Un grand trou de mur d’immeuble suffit parfois à l’héberger. Quelques rares chanceux en ont qui nichent même sur leur balcon, dans une jardinière ! Plusieurs tels cas ont été notés en banlieue. En dehors des villes, il niche volontiers dans les arbres, dans un ancien nid de corneille.

Mais les crécerelles parisiens déclinent rapidement... Le CORIF, ensuite fusionné avec la LPO, suit l’espèce à Paris depuis 1988. La population de la capitale comptait entre 40 et 50 de couples jusqu’en 2008, mais on n’en compte désormais plus qu’une trentaine.

Le crécerelle décline par ailleurs aussi en France et en Europe. A Paris, son déclin est probablement lié à celui du moineau, qui est sa principale proie pour nourrir ses jeunes. En effet, alors que les crécerelles des champs consomment majoritairement des rongeurs, à Paris leur régime est constitué à 40% d’oiseaux – mais il ne dédaigne pas les souris qui croisent son chemin. Il mange aussi des vers de terre, de gros insectes, et des lézards.

Pour capturer ses proies, en milieu ouvert, le crécerelle fait un vol stationnaire qu’on appelle le « saint-esprit ». Petit, on m’avait raconté que c’était pour hypnotiser les campagnols. En fait ça lui permet simplement de mieux les détecter depuis un point fixe en l’air. Il peut détecter une proie de 6 cm à 300 m de distance.

La capture peut aussi se faire en guettant posé depuis un point fixe. Un crécerelle capture en moyenne trois rongeurs ou oiseaux par jour, mais davantage pendant la période de nourrissage des jeunes, qui dure plusieurs semaines... A Paris, les jeunes quittent leur nid à la fin juin et début juillet, 4 par couple en moyenne.

Une partie des faucons crécerelles du  nord de l’Europe migrent vers la France en automne. Ils repartent en ce moment. Les crécerelles sont des migrateurs parfois paresseux : celui-ci a passé presque toute une traversée de bateau avec nous pour s’éviter de survoler la mer. 

Chaque année, la LPO-idf  organise des animations devant Notre-Dame : pour ceux qui habitent à Paris ou pas loin, pensez-y, c’est l’occasion de les observer à la longue-vue. Et leur site est riche en informations sur l'espèce : https://lpo-idf.fr/?pg=do&sj=18&ar=174

 

Nous remercions la LPO Île-de-France et ses membres pour leurs photos qui nous permettent d'illustrer certains de nos propos.

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