Le retour du castor en Île-de-France

24 septembre 2019ContactMaxime Zucca

Savez-vous quel est l’ancien nom français du castor ? Le « Bièvre ». Il a d’ailleurs donné son nom à plusieurs rivières d’Île-de-France où on le trouvait alors : la Bièvre, bien sûr, mais aussi la Beuvronne, la Biberonne… Chassé pour sa fourrure, sa chair, ou parce qu’il transformait les rivières différemment de ce que souhaitait en faire l’Homme, le castor a disparu d’Île-de-France il y a environ deux siècles, comme en de nombreux autres endroits du pays. Au début du xxè siècle, on n’en trouvait plus que quelques dizaines d’individus dans le sud de la France : afin d’éviter sa disparition complète, l’espèce fut classée protégée au niveau national. Durant les premières décennies du xxè siècle, le castor a ainsi lentement recolonisé la vallée du Rhône. Pour aider l’espèce à reconquérir ses anciens bastions, 182 individus en provenance de la vallée du Rhône ont été progressivement déplacés, durant 30 ans, dans d’autres rivières, y compris dans l’est de la France et le long de la Loire. L’espèce n’a cependant jamais été relâchée en Île-de-France et, si des soupçons de présence ont été rapportés il y a quelques décennies (des castors auraient été piégés en Bassée lors de campagnes de lutte contre le Ragondin), son retour naturel était très attendu dans la région !

En septembre 2016, l’organisme responsable du suivi de l’espèce au niveau national, l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) annonçait la redécouverte de l’espèce dans l’Essonne : des indices de présence probants avaient été découverts en mai par le Syndicat intercommunal d'aménagement, de réseaux et de cours d'eau (SIARCE) sur la rivière Essonne. L’espèce est vraisemblablement arrivée par le sud depuis le département du Loiret, où elle est présente depuis plusieurs années. Les premières observations ont eu lieu avant l’épisode d’inondations qui a fortement touché le sud de l’Île-de-France en mai et juin 2016, il ne semble ainsi pas y avoir de lien entre les deux évènements.

En mars 2017, l’ONCFS a organisé des formations auprès des gestionnaires des milieux aquatiques et des naturalistes afin de les aider à mieux rechercher les indices de présence du castor. Des prospections ont ensuite été effectuées en mars et avril le long de plusieurs rivières de l’Essonne et de Seine-et-Marne. Et furent fructueuses : de nombreux indices de présence ont été trouvé presque tout le long du cours de l’Essonne, mais également dans la Juine. Le castor semble plus présent dans la région de Malesherbes, où l’Essonne fait la limite entre le département de Seine-et-Marne et celui du Loiret. Mais il remonte jusqu’à Mennecy, et l’autoroute A6 constitue pour l’instant la limite connue de sa progression vers le Nord ! C’est d’ailleurs dans ce secteur que le seul indice probant de de reproduction a été découvert : un terrier hutte, dans lequel les castors élèvent leur famille, a été découvert, mais il datait de 2016 et le succès de la reproduction n’a donc pas pu être vérifié.

La présence du castor le long de ces rivières implique de prendre certaines précautions : un arrêté préfectoral interdit désormais l’emploi des pièges non sélectifs le long de l’Essonne et de la Juine. D’autres indices de présence sont à rechercher ailleurs en Île-de-France : la vallée du Loing, la vallée de la Seine en Bassée, sont de bonnes candidates. Attention, cependant, à ne pas confondre l’espèce avec le Ragondin, qui peut également ronger les arbres et qui, bien sûr, n’arbore pas la large queue aplatie qui caractérise le castor. 

Repères

Vous pensez avoir observé des indices de présence du castor en Île-de-France ?

Contactez l'ARB îdF et l'ONCFS (paul.hurel@ oncfs.gouv.fr 

Cette page est reliée à la catégorie suivante :