La réserve naturelle nationale des Coteaux de la Seine

29 juin 2020ContactOlivier Renault

 

La Réserve Naturelle Nationale (RNN) des Coteaux de la Seine est située à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Paris, à cheval sur les départements des Yvelines et du Val-d’Oise. D’une superficie de 268 ha, elle s'étend sur des coteaux calcaires sur les communes de Bennecourt, Gommecourt, La Roche-Guyon, Haute-Isle et Vétheuil, marquant l'impressionnant dénivelé qui délimite la vallée du plateau du Vexin français et qui forme un vaste versant abrupt d’exposition sud en bordure de Seine. Le site surplombe d’un côté le méandre de la boucle de Moisson et de l’autre, la vallée de l’Epte, frontière géographique et administrative avec la Normandie.

On y trouve l’un des ensembles de pelouses calcaires les plus importants du Bassin parisien caractérisé par une biodiversité et un état de conservation exceptionnels. Parois et pitons crayeux ont longtemps attiré bon nombre d’artistes impressionnistes témoignant ainsi du caractère paysager du site pour lequel les reliefs forment le premier ensemble de « falaises » de craies avant la Normandie. La réserve accueille notamment une flore et un patrimoine entomologique remarquables pour la région. Les coteaux abritent une succession d’habitats spécifiques inscrits dans une dynamique naturelle de fermeture permettant à nombre d’espèces patrimoniales d’y trouver refuge. On y retrouve notamment tout un cortège d’espèces thermophiles et parfois même d’affinité méditerranéenne telles que l’Astragale de Montpellier (Astragalus monspessulanus) ou le Lézard à deux raies (Lacerta bilineata). Au total, plus de 500 espèces végétales y ont été recensées ainsi qu’une grande diversité d’insectes, d’oiseaux et de reptiles !

La réserve naturelle nationale des Coteaux de la Seine s’inscrit dans le site classé « Falaises de La  Roche-Guyon et de la forêt de Moisson » au titre de la loi 1930 sur les sites pittoresques, protection du paysage contre l’urbanisation ainsi que dans le site classé « Boucles de la Seine de Moisson à Guernes ».

Du fait de son patrimoine naturel exceptionnel et pour y permettre le maintien de la biodiversité d’intérêt communautaire, le site est également inscrit depuis le 19 septembre 2000 dans une Zone Spéciale de Conservation (ZSC) découlant de la Directive Européenne « Habitats-Faune-Flore ». Le domaine a été classé « réserve naturelle nationale » par décret ministériel le 30 mars 2009. Ce classement préserve le site et y permet l’apport de mesures de gestion adaptée à la conservation du site et de son patrimoine. Par ailleurs, les coteaux de Seine se trouvent intégralement dans une Zone Naturelle d’Intérêt Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de type I « Coteaux de la Roche-Guyon » et font partie d’une ZNIEFF de type II « Boucles de Guernes-Moisson » comprenant l’ensemble des coteaux et de la boucle de Moisson. La réserve fait également partie du Parc naturel régional du Vexin français. 

Cette importante stratification de zonages règlementaires ne fait que traduire la valeur exceptionnelle du patrimoine naturel remarquable de la réserve. Depuis 2016, une restriction d'accès temporaire est mise en place afin d'assurer du 1er mars au 30 juin la quiétude des espèces se trouvant sur les éperons rocheux.

Durant des millions d’années, la Seine a creusé son lit dans la roche calcaire, entaillant le plateau du Vexin français pour former cette boucle. Les versants de cette vallée, en pente raide, ponctués de pitons rocheux constitués de craies et silex, sont appelés coteaux calcaires. La craie composant ces pitons est une spécificité du bassin anglo-parisien et bien qu’elle en constitue le soubassement, la craie affleure naturellement très peu en Île-de-France.

Selon les emplacements, celle-ci date du Campanien ou du Santonien tendre et se s'est formée au secondaire, avec la sédimentation des algues et des microorganismes calcaires lors des épisodes de submersion du Bassin Parisien par la mer. Le versant est situé quant à lui au bord du plateau calcaire du Lutétien. Ce type de calcaire dit pierre de Chérence a longtemps été exploité et a notamment été utilisé pour la construction de maisons et de l’Arc de Triomphe.

Abritant 12 habitats spécifiques dépendants notamment de la combinaison de facteurs abiotiques tels qu’une forte pente, un fort ensoleillement ou encore la nature du sol, la RNN des Coteaux de la Seine est particulièrement reconnue pour son caractère patrimonial botanique et paysager. On y retrouve notamment :

  • Des boisements calcicoles qui occupent une place prépondérante sur la réserve en dominant plus de la moitié du territoire ;
  • Des milieux arbustifs traduits par des fruticées occupant près de 30% de la RNN ;
  • Des pelouses calcicoles, plus ou moins sèches selon leur situation, aux abords de pitons où l’érosion est trop forte pour permettre l’installation d’un sol plus épais, ou en haut de pentes, réparties sur un total de 16% du site. Ces dernières ayant une valeur écologique reconnue à l’échelle européenne justifient d’une protection Natura 2000 ;
  • Ainsi qu’un ensemble d’habitats en mosaïque représentant 5% du territoire, dans lesquels se retrouvent notamment des zones cultivées, des friches et des prairies.

Cette diversité en habitats a permis à une large gamme d’espèces végétales de se développer sur le site. Plus de 500 espèces végétales y ont ainsi été recensées depuis le 18ème siècle parmi lesquelles la Hornungie des pierres (Hornungia petraea) protégée à l’échelon régional, l'Astragale de Montpellier (Astragalus monspessulanus), espèce d'affinité méditerranéenne classée comme étant « vulnérable » sur la Liste rouge francilienne ou encore, la Linosyris à feuilles de Lin (Galatella linosyris) listée comme étant « en danger ». 8 espèces protégées à l’échelon régional sont considérées comme étant à enjeu prioritaire sur le site : le Cytise rampant (Cytisus decumbens), l’Orobanche pourpre (Phelipanche purpurea), le Stipe penné (Stipa pennata), l’Ophrys petite araignée (Ophrys araneola), l’Hysope officinale (Hyssopus officinalis), la Phalangère à fleurs de Lis (Anthericum liliago), le Petit pigamon (Thalictrum minus) et, la Mélique ciliée (Melica ciliata) classée comme étant « en danger » sur la Liste rouge régionale. Le Pastel des teinturiers (Isatis tinctoria), la Roquette cultivée (Eruca vesicaria) ou encore l’Hysope (Hyssopus officinalis) témoignent quant à eux encore des usages agricoles passés du site.

Un des autres intérêts majeurs de la RNN concerne l’entomofaune pour laquelle la sècheresse des coteaux est favorable à nombre d’insectes. Près de 40 espèces de rhopalocères et de zygènes y ont été inventoriées représentant près du tiers des espèces existantes sur le territoire francilien. A titre d’exemples, le Mercure (Arethusana arethusa) classé « en danger » à l’échelle régionale ou encore, l’Azuré du cytise (Glaucopsyche alexis) et la Petite violette (Boloria dia) ont été inventoriés sur le site. Près de 80 espèces d’hétérocères ont par ailleurs été recensées parmi lesquels, la Noctuelle farouche (Agrotis trux) dont la découverte sur le site a en 2011 fait l'objet d'une nouvelle mention pour la région. 13 espèces d’orthoptères parmi lesquelles l’Oedipode turquoise (Oedipoda caeruslescens) et le Conocéphale gracieux (Ruspolia nitidula), protégés en Île-de-France, ont également été recensées sur le site. Par ailleurs, sur la vingtaine d'espèces de cigales présentes en France, deux espèces ont été identifiées comme présentes au sein de la RNN : la Cigalette à ailes courtes (Cicadetta brevipennis) et la Petite cigale fredonnante (Cicadetta cantilatrix) découverte sur les coteaux de la Seine. Ces espèces n'étaient jusqu'alors pas différenciées de Cicadetta montana, espèce protégée en Ile-de-France. Il est donc fort possible que C.montana et C.cantilatrix aient été confondues et que les trois espèces du genre mériteraient d’avoir le même statut de protection. Les coléoptères sont quant à eux peu connus sur le site et mériteraient d’être étudiés.

L’intérêt mammalogique du site est lié aux chiroptères parmi lesquels sept espèces ont été recensées dont le Murin de Daubenton (Myotis daubentonii) listé comme étant « en danger » à dans la Liste rouge régionale, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) « en danger critique d’extinction » et, le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros) classé comme étant « en danger » en Ile-de-France. Six espèces de reptiles ont également été contactées sur les coteaux parmi lesquelles le Lézard à deux raies (Lacerta bilineata), d’affinité méditerranéenne, ou encore la Vipère péliade (Vipera berus). Bien que peu favorable pour les amphibiens, trois espèces ont malgré tout été recensées dans la RNN mais seule la population de Salamandre tachetée (Salamandra salamandra) est reproductrice avérée sur le site.

Enfin, et bien que les connaissances sur l’avifaune nécessitent d’être approfondies, plus de 60 espèces d’oiseaux nicheurs ont été recensées sur le site parmi lesquelles le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) et la Bondrée apivore (Pernis apivorus), tous deux listés comme « vulnérables » sur la Liste rouge des oiseaux nicheurs d’Île-de-France mais également, le Faucon hobereau (Falco subbuteo), le Gobemouche gris (Musciapa striata), la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) ou encore le Torcol fourmilier (Jinx torquilla) répertorié comme étant « en danger critique d’extinction » sur la Liste rouge régionale.

La réserve naturelle présente de forts enjeux tant sur le plan géologique que faunistique et floristique. On y retrouve l’un des ensembles de pelouses calcaires les plus importants du bassin parisien, tant par sa superficie et sa richesse que par son état de conservation, caractérisés par des parois et des pitons crayeux.

De nombreuses espèces, dont plusieurs sont rares ou protégées, trouvent refuge sur les différents habitats des coteaux. Y ont notamment été décomptées plus de 500 espèces végétales, un grand nombre d’espèces d’insectes, d’oiseaux et de reptiles. Le principal intérêt du site est lié à la grande valeur floristique et entomologique (lépidoptères, orthoptères, etc.), des pelouses et des pitons. Ces derniers abritent un cortège d’espèces thermophiles et parfois même d’affinité méditerranéenne.

Autrefois les milieux herbacés se maintenaient en grande partie par les activités agricoles et le pâturage. La dynamique naturelle d'embroussaillement des coteaux menace aujourd’hui les pelouses calcaires de fermeture. Afin de préserver les différents habitats du site, une restauration et un entretien des milieux ouverts sont réalisés par l’équipe de la réserve naturelle grâce, notamment, à l'instauration de pâturage de brebis solognote. Le débroussaillement et la fauche mécanique se font et en complément du pâturage ovin et, dans les secteurs non accessibles aux brebis. Aussi, des coupes d’arbres sont ponctuellement réalisées afin de restaurer ou de permettre la réouverture de milieux ouverts.

Repères

Superficie : 268 ha

Gestionnaire : Parc naturel régional du Vexin français

Pour contacter le gestionnaire :

 

Propriétaire : multiples propriétaires privés

Date de classement : 30/03/2009

Localisation : Communes de Bennecourt et Gommecourt (78), La Roche-Guyon, Haute-Isle et Vétheuil (95)

Accès : 

  • En voiture (depuis Paris) : Prendre l’autoroute A13 en direction de Mantes-La-Jolie puis rejoindre la sortie n° 11 Mantes-Est et Limay. Suivre ensuite la direction Limay. Après le pont au-dessus de la Seine, prendre la D146 en direction de Limay centre ancien puis au croisement du pont de Limay prendre la D147 en direction de Follainville, Dennemont et Vétheuil. A Vétheuil prendre à gauche vers La Roche-Guyon.
  • En train :​
  1. Gommecourt : Ligne J, Bonnières sur Seine, Gare située à 6 km de Gommecourt.
  2. Vétheuil-La Roche-Guyon : Ligne J et N, Mantes la Jolie, navette jusqu’à La Roche-Guyon.
  • En bus :
  1. Via la ligne 95-11 (Aincourt < > Vétheuil < > Mantes-la-Jolie)
  2. Via la ligne 95-42 (Haute-Isle < > Magny-en-Vexin) du réseau de bus départemental “Busval d’Oise”.
  3. Via la navette A14 : Bonnières-La Défense
  4. Via le TVS : Ligne 1 : Bonnières Sur Seine – Vernon / Gasny – Bonnières Sur Seine.
  5. Via le ComBus - ligne 5 : Boucle de Limetz – Bonnières Sur Seine.

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