Radiopistage de Brochets et de Silures dans la Seine

24 septembre 2019ContactKlaire Houeix

Comment les brochets utilisent-ils le système fluvial complexe de la Seine dans sa partie amont, à la limite entre la Seine-et-Marne et l’Aube ? Se déplacent-ils sur de grandes distances ? Quelles zones humides seraient à restaurer en priorité afin d’assurer leur reproduction ? Les travaux de restauration des continuités écologiques portent-ils leurs fruits ? Et le Silure glane, grand poisson introduit, trophée de pêche recherché tant il peut atteindre des dimensions impressionnantes, comment occupe-t-il l’espace ?

 

C’est pour apporter de premières réponses à ces questions que l’Union des Fédérations de Pêche du bassin Seine-Normandie (UFBSN) et la Fédération de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique de Seine-et-Marne ont posé la semaine dernière plusieurs radio-émetteurs sur ces deux espèces. Des cadres de détection automatiques ont été installés sur les passes à poisson et/ou écluses des 3 barrages cloisonnant le secteur d’étude, afin d’enregistrer les individus lorsque ces derniers passent à l’intérieur d’une antenne et très régulièrement, les hydrobiologistes de la Fédération de pêche iront traquer les poissons marqués à l’aide d’une antenne radio, afin d’acquérir des données complémentaires délivrées sur les mouvements au droit des obstacles. Une marque visuelle externe appelée « spaghetti », comportant un numéro d’identification a également été insérée sur la nageoire dorsale. En cas de capture à la ligne par un pêcheur, elle permet d’informer ce dernier qu’il s’agit d’un poisson suivi dans le cadre de l’étude. Une campagne de sensibilisation a lieu en même temps que l’étude afin que les pêcheurs soient en capacité de transmettre l’information sur le lieu de la capture et de la remise à l’eau.

Une manipulation complexe

L’opération de marquage par chirurgie est maîtrisée (taux de survie post opératoire proche de 100%) et effectuée par Julien Boucault, coordinateur au sein de l’UFBSN, ayant reçu une formation qualifiante de deux semaines, relative à l’expérimentation animale.

L’opération est rapide, le poisson est « endormi » dans un bain d’eugénol, puis comme intubé afin d’assurer son oxygénation durant la manipulation. L’émetteur, qui pèse environ 1% du poids des individus (nettement moins pour le Silure), est placé en face ventrale, sous la peau, dans la cavité abdominale puis rapidement recousu avec dextérité. Trois ou quatre points de suture suffisent. En une semaine environ, la plaie aura complètement cicatrisé.

La Seine en amont de Bazoches-lès-Bray, territoire à grands enjeux

La partie amont de la Seine a déjà fait l’objet de recalibrage. L’opération de capture a eu lieu, entre autre, à Noyen-sur-Seine dans le bras mort du Vezoult qui a survécu à la rectification du cours de la Seine à cet endroit. Plus en amont encore, de grands méandres restent indemnes de tous travaux mais cela limite la navigation fluviale, et c’est là, tout l’enjeu d’un grand projet de « mise au grand gabarit » de la Seine entre l’écluse de Bazoches-lès-Bray et Nogent-sur-Seine. Quel impact ce projet pourrait-il avoir sur la biodiversité associée aux écosystèmes fluviaux ? C’est difficile à dire. En aval de Bazoches, où la Seine a déjà été rectifiée et les bras morts déconnectés, les inondations sont moins nombreuses. Une aubaine ? Non, car cela accélère l’onde de crue vers l’aval, c’est-à-dire vers la capitale. Et les habitats de fraie des brochets et d’autres espèces se raréfient. Si cette étude ne s’inscrit pas dans l’étude d’impact de ce projet, ses conclusions pourront alimenter les réflexions, afin de mieux cerner l’utilisation que font du fleuve ses habitants.

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Voir aussi : 

 

Observatoire des poissons du Bassin Seine-Normandie

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